
Les 1 506 jeunes adultes finalement inclus dans cette enquête n’avaient jamais fumé. La variable indépendante testée était le recours régulier à la cigarette électronique. Le critère de jugement était le début d’un tabagisme traditionnel entre l’état basal et le 18ème mois du suivi. Seuls 915 participants (60,8 %) ont rempli le questionnaire final. Aucune différence démographique significative n’a été mise en évidence entre les répondeurs et les non répondeurs à ce questionnaire. Des coefficients de pondération ont été appliqués dans l’analyse des données pour tenir compte à la fois du taux des non répondeurs et du biais lié à la très faible utilisation de la e-cigarette au sein de la population générale.
Plus de six fois plus de risque d’installation d’un tabagisme habituel
Moyennant ces corrections statistiques qui peuvent prêter le flanc à la critique, un tabagisme traditionnel est apparu chez près d’un sujet sur deux (47,7 %) utilisateur à l’état basal de la cigarette électronique, versus 10,2 % en l’absence de cette exposition (p=0,001). Les analyses multivariées réalisées avec ajustement selon un maximum de facteurs de confusion potentiels ont confirmé et quantifié l’association entre l’utilisation de la e- cigarette et le risque d’installation d’un tabagisme classique en tant que variable indépendante, l’odds ratio ajusté étant estimé à 6,8 (intervalle de confiance à 95 %, IC, 1,70-28,30). Les résultats sont restés statistiquement significatifs et leur amplitude n’a pas varié dans les analyses de sensibilité qui ont complété le traitement des données.Cette enquête n’est pas la seule à suggérer une association possible entre le recours à la cigarette électronique et le risque d’évolution vers un tabagisme chronique chez l’adulte jeune qui n’avait, par ailleurs, jamais été exposé au tabac. Cette pratique mérite d’être encadrée au travers de conseils éducatifs spécifiques adaptés au profil psychologique de chacun, car le contexte n’est pas celui du sevrage tabagique où l’enjeu n’est pas essentiellement récréatif.
Dr Philippe Tellier