Syndrome de stress post-traumatique et HTA : un lien conditionné par la gravité et la chronicité

Le concept de névrose traumatique a été évoqué dès la fin du 19e siècle chez les victimes d’accidents ferroviaires. Il sera repris par Sigmund Freud sous le terme d’hystérie traumatique pour évoluer vers le PTSD (posttraumatic stress disorder) qui se structure au fil des guerres, notamment celle du Vietnam et apparaît dans le Diagnosis and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM)-III en 1980. Ce qui devient en français le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) a connu, depuis, un développement exponentiel en psychiatrie et s’est enrichi au gré des facteurs déclenchants. Sa présence et sa description au sein du DSM-V en attestent. Parmi ses nombreuses répercussions ou complications potentielles, figurent l’association à diverses comorbidités et le développement de maladies chroniques, dont l’hypertension artérielle (HTA). Sur ce point, les relations entre cette dernière et le SSPT restent imparfaitement connues et mal comprises.

Une étude sur 3 846 militaires

Une étude rétrospective étatsunienne permet d’en savoir plus. Elle a reposé sur l’exploitation d’une base de données administratives et cliniques qui a permis de collecter des informations sur 3 846 militaires sévèrement blessés sur les champs de bataille d’Iraq et d’Afghanistan, entre le 1er janvier 2002 et le 1er février 2011. Les objectifs de ce travail ont été au nombre de trois : (1) estimer la prévalence du SSPT au sein de cet échantillon ; (2) rechercher une association éventuelle entre HTA et SSPT, en tenant compte notamment de la chronicité de ce dernier ; (3) préciser le rôle éventuel de la gravité de la blessure initiale et du SSPS per se en tant que facteurs de risque indépendants de l’HTA dans un tel contexte.

Les deux pathologies développées dans les suites des combats ont été diagnostiquées selon les critères de l’ICD-9 révisée (International Classification of Diseases, Ninth Revision codes). Les relations entre sévérité des lésions initiales, SSPT et HTA ont été explorées au moyen d’analyses multivariées qui ont comporté des ajustements en fonction des facteurs de confusion et des covariables pertinentes.

La prévalence du SSPT a été globalement évaluée à 42,4 % et celle de l’HTA à 14,3 %. Le risque non ajusté d’HTA a été positivement associé à la chronicité du syndrome : un diagnostic évoqué à de multiples reprises (1-15) a conduit à un hazard ratio (HR) de 1,77 : intervalle de confiance à 95 %[IC] : 1,46-2,14 ; p<0,001 versus les sujets indemnes de ce syndrome Quand le SSPT a été diagnostiqué plus de 15 fois, le HR est passé à 2,29 (IC :1,85-2,84 ; p<0,001). La gravité des lésions ou des blessures initiales, évaluée selon un score ad hoc, a été également associé au risque d’HTA, avec un HR estimé à 1,06 pour chaque augmentation de 5 unités du dit score (IC : 1,03-1,10 ; p<0,001). En analyse multivariée, cette dernière valeur n’a que très peu bougé, le HR pour 5 unités de score passant à 1,05 (IC : 1,01-1,09 ; p=0,03), le degré de signification statistique étant tout de même diminué.

Cette étude de cohorte rétrospective plaide ainsi en faveur d’une association significative entre SSPT et risque d’HTA, mais dans certaines conditions : ainsi, la chronicité du syndrome semble être un facteur de risque indépendant, au même titre que la gravité des lésions initiales.

Dr Philippe Tellier

Référence
Howard JT et coll. : Associations of Initial Injury Severity and Posttraumatic Stress Disorder Diagnoses With Long-Term Hypertension Risk After Combat Injury. Hypertension 2018 ; 71 : 824-832.

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