Le soleil ne se couche jamais sur la crise des urgences

Cayenne, le lundi 7 mai 2018 – Plus une semaine, désormais, sans que la "crise des urgences" ne s’invite dans l’actualité et la Guyane française s’ajoute désormais à la liste des départements sinistrés. 

Ainsi, dix-sept médecins urgentistes ont déposé jeudi soir leur lettre de démission ou demandé leur mise en disponibilité à la direction du Centre Hospitalier Andrée Rosemon (CHAR) de Cayenne pour dénoncer leurs conditions de travail et l’inaction de leurs responsables hiérarchiques.

Cette décision fait suite au départ, sans remplacement, de nombreux médecins, a expliqué à l’AFP Pierre Chesneau, représentant du syndicat professionnel SAMU-Urgences de France.

Avec « une moyenne de 120 passages par jour », des procédures longues telles « les opérations en communes éloignées » et les « évacuations sanitaires » par hélicoptère dans les zones enclavées du territoire, les médecins urgentistes, aujourd’hui vingt-cinq dans le service, estiment à quarante le nombre de postes nécessaires pour qu’il fonctionne correctement. 

La direction reconnaît (presque) la crise

La direction de l’hôpital qui tenait une réunion à l’Agence Régionale de Santé (ARS) vendredi matin pour tenter de trouver des solutions à la crise conteste les chiffres des démissionnaires. Ainsi, Agnès Drouhin, directrice du centre hospitalier s’est exprimée dans les colonnes du quotidien France-Guyane et a souligné, que selon ses informations, parmi les professionnels qui ont posé leur démission ou qui ont demandé une disponibilité, l'un d'eux aurait fait valoir qu’il « n'a jamais signé cette feuille ». La directrice ajoute encore : « on a vérifié sa signature sur les contrats, ce n'est pas sa signature » alerte-t-elle, portant ainsi de graves accusations.

En termes d'effectifs et d'organisation du temps de travail, Agnès Drouhin reconnaît néanmoins que les prochains moins s'annoncent « difficiles » pour ce service, qui selon son décompte, aurait besoin de 34 équivalents temps plein.

« La colère gronde »

Face à ces démissions symboliques, une dizaine de femmes ont organisé un "die-in" devant l’hôpital pour dénoncer la crise sanitaire qui secouerait la Guyane.
 
En outre, le président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), Rodolphe Alexandre, a interpellé, dans un courrier, les ministères de la santé et des outre-mers, pour attirer leur attention sur le « découragement des médecins déjà sur place, de plus en plus nombreux à envisager à leur tour un départ qui précipiterait de fait l’arrêt total de l’activité du SAMU ».

Aussi appelle-t-il à l’adoption des « mesures qui s’imposent afin de permettre au service d'accueil des urgences et au SAMU de Guyane de disposer du nombre minimum de médecins nécessaire à leur fonctionnement et à la poursuite de leur mission de soins d’urgence au service de la population guyanaise ».

Le représentant de l’association des maires de France, David Riché a quant à lui souligné qu’en « dépit des cris d'alertes, de grèves récurrentes, de morts suspectes (EPHAD, bébés prématurés...) et d'une manifestation historique et pacifique, la situation sanitaire se détériore » et a prévenu « la colère gronde et, en l'état actuel des choses, elle s'exprimera inévitablement de nouveau ».

Frédéric Haroche

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