
Paris, le jeudi 24 mai 2018 - La réforme du troisième cycle
des études de médecine qui est effective depuis novembre dernier
n’a pas tardé à avoir des conséquences sur l’organisation du
système de soins. La nouvelle maquette qui préconise un plus grand
nombre de stages chez les praticiens libéraux, notamment pour les
internes en médecine générale, a mécaniquement entraîné une baisse
des effectifs au sein des services hospitaliers et, pour certains
d’entre eux, mis en péril leur fonctionnement quotidien, comme le
révèle le quotidien Le Monde dans son édition du 22 mai.
Dans les Ardennes, la situation du groupement hospitalier
réparti sur les sites de Sedan et de Charleville-Mézières est
hautement symptomatique. Dans le premier, il ne reste plus que
quatre postes d’internes sur douze et ce sont quinze postes sur
soixante-dix qui ont été perdus dans le second. Si cette ponction
dans leurs effectifs a « renforcé les tensions » au sein des
équipes médicales ainsi que l’indique la direction du groupement
ardennais, les urgences pédiatriques de l’hôpital de Troyes ont dû
quant à elles tout bonnement fermer après être passées de six
postes d’internes à zéro… Même chiffre au compteur pour les
urgences de Bourges qui doivent désormais se passer, tant bien que
mal, des quatre ou cinq internes présents précédemment dans ce
service.
Injonctions contradictoires
Du côté de la Fédération hospitalière de France (FHF), on
reconnaît que les hôpitaux pâtissent grandement de cette nouvelle
maquette dont la mise en place est qualifiée de trop «
brutale » par Thierry Godeau, le président de la Conférence
nationale des présidents de commissions médicales d’établissements.
Et ce n’est pas le boycott par les médecins intérimaires des
établissements qui appliquent le décret de janvier mettant en place
un plafonnement de leurs rémunérations qui va arranger une
situation déjà très tendue dans de nombreux services.
Pour les organismes représentatifs des internes, la pénurie
qui touche certains établissements est une conséquence logique de
cette réforme qui a le mérite de mettre en lumière le manque
évident de praticiens hospitaliers dans plusieurs structures du
pays. Dans Le Monde, le président de l’Intersyndicale nationale des
internes (ISNI), Jean-Baptiste Bonnet estime ainsi qu’il s’agit ici
d’un « phénomène intéressant » qui pointe les injonctions
contradictoires auxquelles sont soumis les étudiants en
3e cycle : « On nous reproche d’avoir
une formation trop hospitalière, mais quand ont fait plus de stages
dans le libéral, on nous dit que les hôpitaux ne tournent plus
».
Benoît Thelliez