
Une évolution certaine
Un écart majeur entre médecins et infirmières

Sédation profonde : une avancée suffisante
Des sociétés savantes toujours hostiles
Aurélie Haroche
Aurélie Haroche
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A priori, une société savante est là pour veiller au progrès de la discipline, éventuellement la défendre devant les pouvoirs publics et pas pour juger des faits de société. A chacun sa place. Je ne compte pas sur mes sociétés savantes comme l'ESMO, l'ESTRO, la FFCD pour me guider la conscience. L'administration du "bouillon d'onze heures" n'est effectivement pas un soin sauf pour une vie qui se terminerait dans des conditions atroces et alors on peut appeler ceci un soin terminal. Il ne faut, bien évidemment pas confondre les deux situations : le "droit" au suicide assisté et l'accès in extremis à une fin de vie paisible.
Dr Claude Krzisch
Fin de vie.
La vie a une fin.
C'est inéluctable.
Cela peut arriver de différentes façons.
Il est fréquent que cela survienne inopinément suite aux déficiences définitives des organes vitaux chez quelqu'un en bonne forme, sans souffrir, idéalement dans le sommeil et ce le plus tard possible. Nous n'aborderons cette non problématique que pour la souhaiter à tous.
Contrairement à l’adage qui énonce que « la mort ne fait souffrir que ceux qui restent », les autres façons de finir de vivre peuvent survenir avec des souffrances physiques et/ou psychologiques pendant les derniers moments, méritant une prise en charge médicale, puis lorsque la médecine a atteint ses limites, une prise en charge sociétale.
« Veux tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir », Confucius.
Au regard de cette incertitude, chacun devrait dès à présent, quel que soit son état de santé, remplir ses directives anticipées afin, si nécessaire, de faire respecter ses volontés. Ces directives sont encore trop mal connues et mériteraient des campagnes d’information.
La loi Claeys Leonetti.
Lorsque la fin de la vie a pour origine une maladie incurable, qu’elle est précédée d’une période plus ou moins longue de souffrances, et lorsque ces souffrances deviennent trop intenses, depuis les avancées de la loi Claeys Leonetti, une sédation profonde terminale peut être mise en place.
Cette sédation profonde terminale consiste, après consultation des soignants, à instituer une perte de conscience au moyens d’hypnotiques jusqu’à ce que la vie cesse.
La loi Claeys Léonetti permet également, lorsque les traitements ne sont même plus palliatifs, de cesser toute alimentation et hydratation du « patient » jusqu’à ce que la mort survienne. Selon les affirmations de certains spécialistes, cet arrêt des apports n’entraînerait aucune souffrance… Cette période pouvant durer plusieurs semaines !
Dans les deux situations, la mort survient de manière différée : mais ce n’est pas assimilé à de l’euthanasie ! Alors que ces initiatives sont des actes médicaux qui ont pour finalité, difficilement avouée, de faire arrêter la vie.
Si nous abondons dans le sens de la mission de l’IGAS de juin 2018 pointant la méconnaissance des avancées de la loi et le manque de personnel formé pour sa bonne application (le recrutement des médecins pose problème et ce d’autant que la formation proposée est trop lourde) ; il nous faut sortir de ces hypocrisies.
Dans ces deux cas l’objectif est que la vie, devenue non supportable, cesse. Le corps médical ayant atteint les limites de ses actions, qui sont de favoriser la vie, doit passer la main, s’effacer devant la volonté du patient et permettre d’avoir recours au suicide non médicalement assisté.
Suicide civiquement assisté (et non suicide médicalement assisté).
Dans le problème du choix de la fin de sa vie et la volonté d’y mettre fin il nous faut distinguer parmi les nombreuses situations :
1/ la personne âgée ne désirant plus vivre, que ce soit en raison de souffrances ou également du non intérêt à poursuivre son existence ; mais qui dispose de ses moyens intellectuels et physiques. Il faut autoriser le suicide et l'assister.
- Pour l'autoriser, en s’inspirant de ce qui se fait pour le don d'organe de son vivant, il est possible d'imaginer la création d’une commission d’experts représentant la société civile. Cette commission après des rencontres répétées avec la personne et un temps de réflexion remet ses conclusions au procureur de la République.
- Pour l'assistance. En cas d'avis positif cela ouvre la possibilité pour la personne de se procurer la préparation fatale auprès de la pharmacie centrale de… l’hôpital. Cette personne valide est en mesure d'ingérer elle même la boisson létale entourée des proches de son choix (elle peut être assistée si nécessaire par sa personne de confiance, le personnel médical n’a aucun rôle à jouer!).
2/ la personne qui est dans l'incapacité physique de mettre fin à ses jours (tétraplégique) mais qui possède les facultés intellectuelles pour faire et exprimer ce choix : dans ce cas, une aide à mourir doit pouvoir lui être apportée après mise en œuvre de la procédure décrite précédemment. Son incapacité physique ne lui permettant pas de prendre la potion létale, un proche ou la personne de confiance s’en charge.
3/ Reste comme toujours des cas particuliers :
* des personnes qui ne sont plus en capacité de communiquer et d’exprimer leur volonté :
-Le cas des patients qui sont dans le coma, le pronostic de leur éventuelle récupération devrait pouvoir prochainement être amélioré par la toute nouvelle technique de l’IRM quantitative, mettant en évidence les lésions sans espoir de récupération.
-le cas très particulier des personnes parties en voyage au pays d’Alzheimer (dont aucun n'est revenu à ce jour) qui n'ont pas l'intellect (ni parfois le physique) afin de décider ou de mettre fin à leurs jours?
Il reste à espérer dans ces cas extrêmes qu’elles aient rédigées leurs directives anticipées et nommé une personne de confiance pour prendre la décision et la faire appliquer.
* les mineurs...
* les personnes sous tutelle ou curatelle...
Cette procédure nécessitant du temps, il devrait être possible, de la déclencher de manière anticipée afin qu’elle soit disponible le moment souhaité.
Ce n’est pas au corps médical, serait ce en commission de décider de la fin de vie, c’est à l’intéressé, avec l’aval de la société.
Il est à noter que dans cette proposition de suicide assisté, le corps médical dont la mission est la vie n’a plus aucun rôle à jouer.
Dr Bob des Moutis
bdesmoutis@lagoon.nc
Nouméa. juin 2018
Nous sommes des médecins et pas seulement de vagues professionnels de santé.
Dr Pierre-Etienne Broust