Polémique relancée sur les violences obstétricales par une instance gouvernementale
Paris, le vendredi 29 juin 2018 – Le Haut conseil à l’égalité
entre les hommes et les femmes, qui dépend du premier ministre a
remis à Marlène Schiappa un rapport sans nuance sur le phénomène
des « violences obstétricales ».
Le HCE remarque en introduction que « dans les 24 heures qui ont
suivi le lancement sur Twitter du hashtag #PayeTonUtérus en
novembre 2014, plus de 7000 femmes ont dénoncé des propos porteurs
d’injonction sur leur poids ou leur sexualité, sur leur volonté ou
non d’avoir un enfant, des examens vaginaux brutaux ou des actes
pratiqués sans leur consentement, jusqu’à des violences sexuelles.
Depuis, les prises de parole de femmes se multiplient concernant
les violences gynécologiques et obstétricales, terme mobilisé
depuis près d’une vingtaine d’années en Amérique latine et dans le
monde anglo-saxon, pour désigner les actes sexistes les plus graves
commis lors du suivi gynécologique et obstétrical ».
En outre, le HCE rappelle le scandale qui avait éclos en 2015 lors
de la publication de documents internes à la Faculté de médecine de
l’Université Lyon-Sud qui révélaient comment les étudiants
pouvaient être incités à pratiquer des touchers vaginaux sur des
patientes « endormies », n’ayant pas donné leur
consentement, pour s’exercer à cet examen.
Ne s’appuyant heureusement pas que sur les témoignages glanés sur
les réseaux sociaux, le HCE observe qu’un « accouchement sur 5
donne lieu à une épisiotomie : 1 femme sur 2 sur laquelle une
épisiotomie a été réalisée déplore un manque ou l’absence totale
d’explication sur le motif de l’épisiotomie (…) 6% des femmes
se déclarent « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites du suivi
de leur grossesse ou de leur accouchement, ce qui représente
environ 50 000 femmes pour l’année 2016 ».
C’est quoi, une violence obstétricale ?
Le HCE définit les violences obstétricales comme des «
actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical
» se manifestant par « des gestes, propos, pratiques et
comportements exercés ou omis par un ou plusieurs membres du
personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique
et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine
gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de
contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à
enfanter) ». Soulignons que l’existence d’une « volonté
historique » des gynécologues-obstétriciens de contrôler le
corps des femmes ne fait pas l’unanimité. Pour le JIM, le Dr Amina
Yamgnane, gynécologue obstétricienne, considérait : « c’est une
revisitation de l’histoire pour mieux servir des causes
politiques ».
Le HCE identifie six types de violences gynécologiques et
obstétricales : « non prise en compte de la gêne de la patiente,
liée au caractère intime de la consultation ; propos porteurs de
jugements sur la sexualité, la tenue, le poids, la volonté ou non
d’avoir un enfant, qui renvoient à des injonctions sexistes ;
injures sexistes ; actes (intervention médicale, prescription,
etc.) exercés sans recueillir le consentement ou sans respecter le
choix ou la parole de la patiente ; actes ou refus d’acte non
justifiés médicalement ; violences sexuelles : harcèlement sexuel,
agression sexuelle et viol ».
Pourquoi des violences obstétricales ?
Pour le HCE ces dérives seraient favorisées par le fait que la
gynécologie- obstétrique, « spécialité médicale qui vise à
accompagner les femmes dans la maîtrise de leur fécondité (…)
échoue parfois à reconnaitre leur pleine autonomie
».
Il signale également que ces « actes sexistes dans le suivi
gynécologique et obstétrical sont encore largement impunis » et
fait état « des difficultés rencontrées par les femmes et les
couples qui souhaitent engager une procédure, aussi bien auprès des
organisations propres au système de soins qu’en justice
».
A cet égard, le HCE estime que les instances ordinales sont
inadaptées à la sanction de ces actes.
Comment diminuer les violences obstétricales ?
Pour faire reculer ces violences obstétricales, le Haut
Conseil à l’Egalité décline 26 propositions articulées autour de 3
axes.
En premier lieu : « reconnaître l’existence et l’ampleur
des actes sexistes, dont certains relèvent des violences, dans le
cadre du suivi gynécologique et obstétrical » en réalisant une
enquête qui mesurerait la satisfaction des femmes quant à
l’ensemble de leur suivi gynécologique et obstétrical dont les
résultats seraient rendus publics maternité par maternité.
Second axe, prévenir les actes sexistes relatifs au suivi
gynécologique et obstétrical, en renforçant la prévention et la
lutte contre le sexisme au sein des études de médecine, en
reconnaissant dans le code de déontologie médicale l’interdit des
actes sexistes.
Enfin, le HCE avance la nécessité d’améliorer et faciliter les
procédures de signalement et de condamner les pratiques
sanctionnées par la loi en particulier en informant mieux les
femmes de leur droit.
Si ces recommandations devraient sans difficulté faire
consensus, certaines remarques et le ton général du rapport
pourront davantage faire sourciller les professionnels.
Je ne voudrais pas disqualifier la parole des patients en général, ni celle des femmes qui s'estiment maltraitées par les obstétriciens, en particulier. Cependant, je crois qu'il n'est pas exagéré de dire que lorsqu'un patient souffre et se plaint, ce qu'il prétend avoir subi (au cours de la relation médecin-malade) est très éloigné de ce qui s'est réellement dit ou passé. Le cas le plus évident, c'est le consultant qui, à peine sorti du bureau médical, lâche avec exaspération "Le docteur ne m'a rien dit" alors qu'on vient de lui fournir des explications pendant une demi-heure. Dire cela, c'est un fait d'expérience, et nullement un reproche envers les patients. Leur subjectivité déformante s'explique aisément.