Souvent peu diagnostiqués les troubles de l’humeur associés au
diabète n’en sont pas moins une réalité…
Lors d’un symposium consacré à la détresse liée au diabète,
les spécialistes réunis à l’ADA ont convenu qu’il existe une
relation bidirectionnelle entre diabète et santé mentale. Selon
eux, les intervenants devraient être entrainés à pouvoir identifier
ces troubles et leur apporter les meilleurs soins possibles.
Les troubles mentaux constituent un facteur de risque de
diabète. Les antipsychotiques accroissent ce risque alors que ces
patients sont moins souvent dépistés et reçoivent des soins moins
efficients lors d’un trouble cardiaque. Par ailleurs, l’annonce
d’un diabète conduit à ce que l’on appelle « la détresse
diabétique » se référant à un état de détresse émotionnelle
associée à la peur des symptômes et des complications face à une
maladie chronique comme le diabète. Ces patients ne prennent pas
suffisamment soin d’eux, ce qui se traduit par une mauvaise
compliance au monitorage et au traitement et, donc, à un mauvais
contrôle glycémique. Ce trouble étiqueté « détresse
diabétique » touche, selon les études 18 à 45 % des patients
diabétiques. De plus, ces patients accumulent souvent d’autres
facteurs de risque cardiovasculaires comme le tabagisme et la
sédentarité.
Par ailleurs, si l’on se penche sur le lien entre dépression
et diabète. Les études montrent que la dépression chez l’adulte
diabétique est 2 fois plus présente que dans une population non
diabétique. La prévalence au cours d’une vie est de 17,5 % en
présence d’un diabète contre 6,8 % en son absence. L’étude MESA a
montré que les patients diabétiques de type 2 présentent 50 % de
risque supplémentaire de développer une dépression dans les 3 ans
après le diagnostic comparativement à des personnes sans diabète. A
l’inverse, les sujets dépressifs augmentent leur risque de diabète
de 21 %.
Une hyperproduction de cortisol, l’hormone de stress, serait
au centre de l’ensemble des mécanismes impliqués tant dans le
diabète de type 2 que dans la dépression. Si cela s’avère exact,
nous disposerions d’une nouvelle arme dans l’arsenal thérapeutique
visant dès lors à mieux réguler la réponse au stress, en plus des
mesures de prévention primaire toujours indispensables.
Pierre Dewaele