Des enfants à haut risque malgré des grossesses à bas risque
En Australie, en cas de grossesse à bas risque, l’échographie
du 3ème trimestre n’est pas réalisée en
routine. Pourtant, sur l’ensemble de la population, la santé
périnatale des fœtus < 10ème percentile
est connue pour être moins bonne que celle des fœtus eutrophes.
Est-il alors raisonnable de considérer qu’en situation à bas
risque, ces enfants ne sont pas « en restriction de
croissance » et ne nécessitent pas une prise en charge
particulière ? La réponse a été cherchée dans les registres de la
maternité de Brisbane où ont lieu chaque année environ 10 500
naissances !
Près de 100 000 naissances
Les données de 2000 à 2015 de toutes les grossesses
monofœtales ≥ 37 SA, ne présentant ni diabète, ni hypertension
artérielle, ni anomalie fœtale majeure, ont ainsi été collectées.
Ce qui représente 95 900 naissances dont 87 017 enfants de poids
approprié compris entre le 10ème percentile
et le 90ème percentile et 8 883 « petits »
pour l’âge gestationnel (PAG) de poids <
90ème percentile (4 748 <
10ème p et 4 135 <
5ème p), soit 9,3 % de la cohorte.
Il en ressort que les mères des enfants PAG sont plus souvent
jeunes (< 20 ans), d’origine asiatique ou indigène, primipares,
fumeuses, non mariées et obèses. Les accouchements par voie basse
instrumentale ou par césarienne pour indication fœtale étaient
aussi significativement plus fréquents dans ce groupe.
Concernant les nouveau-nés PAG, ils présentaient plus souvent
une acidose métabolique, un Apgar ≤ 3 à 5 min, et ils ont été plus
souvent été admis en unité de soins intensifs même après ajustement
sur le sexe, l’âge de la mère, son IMC, la parité, l’origine
ethnique, le tabagisme et le mode d’accouchement. La morbidité
néonatale sévère composite est deux fois plus élevée chez les PAG
< 5ème p, de même que le risque de mort
néonatale et de mort in utéro qui passe de 0,1 à 0,2 %.
Un sur risque périnatal
Des chiffres qui, s’ils se basent sur une large population, ne
sont pas en mesure de différencier les accouchements déclenchés -et
donc ayant fait l’objet à la fois d’un dépistage et d’une prise en
charge- de ceux n’ayant fait l’objet d’aucune attention
particulière. Mais qui montrent malgré tout un sur-risque périnatal
autour des plus petits.
Difficile d’en tirer d’autres conclusions si ce n’est que le
bas risque ne met pas à l’abri de complications. C’est une notion
bien difficile à définir et tant de facteurs entrent en jeu qu’on
peut se demander s’il reste encore des patientes à bas
risque…
Est-ce qu'il n'a pas été montré depuis longtemps que les seuls facteurs biomédicaux ne permettaient pas de définir une population dite à "bas risque". Cette étude montre bien que les facteurs socio-médicaux sont à prendre en considération (il manque ici le niveau socio-économique-la pauvreté) et que des stratégies adaptées, incluant un suivi particulier, comprenant entre autres, en plus de l'échographie du troisième trimestre (...!) , une part d'éducation, de soutien psychologique et social, sont indispensables. Ceci est probablement universel.