Période d'activité génitale et démence

Selon une étude présentée à Chicago, un nombre élevé de grossesses et une longue période d'activité génitale (de la puberté à la ménopause) confèrent une protection contre la démence, laissant supposer que l'exposition aux œstrogènes au cours de la vie pourrait être un modulateur important de la santé cognitive à long terme.

Ces constatations émanent de l'analyse des données d'une cohorte de 14 595 femmes incluses dans une base de données de la Kaiser Permanente. Toutes avaient eu un bilan de santé complet entre 1964 et 1973 (elles avaient alors de 40 à 55 ans) et le nombre de fausses couches, le nombre d'enfants, l'âge des premières et des dernières règles et le nombre total d'années de la phase reproductive étaient documentés.

Les investigateurs ont recherché les taux de démence de 1996 à 2017, alors que les femmes avaient entre 62 et 86 ans.

Dans le cadre d'un suivi pouvant aller jusqu'à près de 50 ans pour certaines femmes, les investigateurs ont constaté un développement de démence chez 36 % des femmes de cette cohorte. Et ils rapportent un risque significativement moindre de démence chez les femmes ayant eu le plus de grossesses menées à terme, chez les femmes ayant eu précocement leurs premières règles, et chez celles ayant eu une ménopause tardive. Ainsi, le risque de démence est diminué de 12 % chez les femmes ayant eu au moins 3 enfants par rapport aux femmes ayant eu un seul enfant. L'absence de fausses couches est également un facteur protecteur (HR [hazard ratio] = 0,81 par rapport aux femmes avec au moins une fausse couche).

A l'inverse, une période d'activité génitale plus courte est associée à un risque plus grand de démence + 31 % pour des premières règles à l'âge de 16 ans et + 28 % pour une ménopause survenant à 45 ans ou moins. A noter que chaque année "reproductive" supplémentaire va de pair avec un amoindrissement de 2 % du risque. Pour les femmes dont la période d'activité génitale va de 21 à 30 ans, la probabilité de développer une démence est plus élevée d'un tiers que pour celles dont cette même période dépasse les 30 ans.

Dr Jean-Claude Lemaire

Références
Gilsanz P et coll. : Women’s Reproductive History and Dementia Risk.
Alzheimer's Association International Conference (Chicago, Etats-Unis) : 22 au 26 Juillet 2018.

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