Ce samedi 25 août, Sanghamitra Mohanty (Institut Texan des Arythmies cardiaques, à Austin) a présenté l'étude AATAC, qui compare le pronostic à long terme de l'isolation des veines pulmonaires et de la prise d'amiodarone chez des patients souffrant d'une FA persistante et associée à une insuffisance cardiaque congestive (FEVG < 40%). Au départ, tous les patients étaient porteurs d'un pacemaker, et aucun ne prenait régulièrement une dose ≥ 200 mg/j d'amiodarone. L'arythmie était évaluée au moyen de la mémoire du pacemaker à 3, 6, 12, 24, 36 et 48 mois.
Les patients (âge moyen : 61 ans ± 11) ont été randomisés en deux groupes de taille quasi égale. La FA était présente depuis 8,5 mois en moyenne. Une HTA et un diabète étaient respectivement présents chez la moitié et chez un quart des patients. Le premier groupe (n=102) comprenait deux sous-groupes, 22 patients bénéficiant uniquement de l'isolation des veines pulmonaires, tandis que les 80 autres s'y voyaient adjoindre un isolement au niveau de la paroi postérieure de l'oreillette gauche ainsi que l'ablation de triggersnon liés aux veines pulmonaires. Quant au deuxième groupe (n=100), il recevait une dose de charge d'amiodarone s'élevant à 2x400 mg/j pendant 2 semaines, suivie de 1x400 mg/j pendant deux autres semaines puis par 200 mg/j en dose d'entretien.
Résultat : il y a ablation et ablation
L'évaluation s'est faite après 4 ans de suivi, avec en moyenne
1,4 (± 0,6) ablation par patient du premier groupe. La stratégie
thérapeutique s'est soldée par un succès chez 32% des patients sous
amiodarone. Il était significativement plus élevé dans le groupe
des patients ayant bénéficié d'une ablation multiple
(2ème sous-groupe), avec un score
s'établissant à 47%. Par contre, le premier sous-groupe (isolation
isolée des veines pulmonaires) n'affichait un succès à quatre ans
que dans 2% des cas.
Les antiarythmiques en protection post-ablation ?
Joao Mesquita (Lisbonne) et son équipe ont voulu apporter des données nouvelles au sujet de l'ablation par isolation des veines pulmonaires, en évaluant les récidives de FA à très long terme, les facteurs prédictifs de ces récidives, et l'impact éventuel du maintien d'un traitement pharmacologique antiarythmique après l'ablation. Ils se sont basés sur un registre observationnel multicentrique incluant 253 patients (âge moyen : 55 ans) ayant consécutivement bénéficié d'une ablation entre 2006 et 2008. 144 patients (57%) ont rechuté au cours du suivi moyen de 5 ans. Les principaux facteurs prédictifs indépendants était le sexe féminin (HR = 1,53), la FA non paroxystique (HR = 1,41). Un an après une ablation réussie, 86% des patients sous antiarythmique restaient libérés de leur FA antérieure, contre 76% des patients ne prenant pas ce type de médicament. Le taux annuel de rechute s'élevait respectivement à 8% et 14% (p < 0,001). Le traitement médicamenteux était également associé à une réduction à long terme du nombre de récidives de la FA (HR = 0,67).A suivre
En conclusion, dans l'état actuel des connaissances, les
antiarythmiques conservent une place utile dans la prise en charge
de la FA. Les nouvelles techniques d'ablation (p.ex. via
l'apprentissage machine) pourraient cependant changer la donne
d'ici quelques années.
Dr Claude Leroy