Cause du décès ?

Dans la plupart des pays développés, il n’est pas de mort sans certificat de décès à la clé. Mais le médecin qui doit remplir le formulaire est parfois en proie à une certaine perplexité quand il s’agit de définir précisément la cause du décès. La remarque vaut en particulier pour le sujet âgé chez lequel les comorbidités peuvent entrer en concurrence. L’exactitude des renseignements figurant sur les certificats de décès mérite pourtant d’être examinée, car il s’agit là d’une source d’information précieuse en épidémiologie, par exemple ou encore en recherche clinique supposant le suivi intégral d’une pathologie donnée. Un crédit limité doit cependant être accordé à ces renseignements fournis souvent dans un contexte d’urgence ou de désarroi qui ne transparaît pas dans la froideur des codes correspondant aux causes invoquées.

Le manque de précision du diagnostic « final »

En témoignent les résultats d’une étude britannique qui s’est penchée sur les certificats de décès établis dans le cas précis de sujets âgés atteints de démences. Grâce à cette approche rétrospective il a été possible de comparer ces données certifiées à celles recueillies dans deux études de population prospectives réalisées en Angleterre et au Pays de Galles, sous l’égide du MRC (Medical Research Council), respectivement la CFAS (Cognitive Function and Ageing Study) et la CAFS II. Les sujets inclus et sélectionnés au hasard devaient être âgés d’au moins 65 ans.

Les diagnostics formulés dans le cadre de ces dernières ont été considérés comme des « gold standard » auxquels ont été confrontées les causes signalées dans les certificats de décès. La prévalence du diagnostic de démence, selon les deux sources, a été calculée année par année sur une période de 26 années. La comparaison des chiffres obtenus a permis de calculer la sensibilité, la spécificité et la fiabilité des certificats de décès. La prévalence globale du diagnostic de démence a augmenté au fil du temps, passant de 5,3 % à 25,9 % dans le laps de temps précédemment défini. La sensibilité initiale s’est avérée médiocre, de l’ordre de 21,0 % si l’on se réfère à la cohorte initiale de la CFAS, mais elle a augmenté par la suite, passant en effet à 45,2 % par rapport à la CFAS II. La mention d’un diagnostic précis au moment du décès s’est avérée plus fréquente dans les démences sévères, mais aussi chez les pensionnaires des lieux de long séjour. Cette éventualité était plus rare chez les patients décédés en milieu hospitalier.

Un écueil pour l’épidémiologie et la recherche clinique

Cette étude démontre que l’exactitude des certificats de décès s’est améliorée avec le temps, tout au moins en Angleterre et au Pays de Galles, donc dans un écosystème donné. Cependant, elle souligne aussi les limites de cette source d’information qui ne saurait se suffire à elle-même pour alimenter les études en épidémiologie ou en recherche clinique. D’autres critères ou moyens diagnostiques doivent être utilisés pour définir au mieux les causes d’un décès et l’imputer à une démence.

Dr Philippe Tellier

Référence
Gao L et coll. : Accuracy of death certification of dementia in population-based samples of older people: analysis over time. Age Ageing, 2018 ; publication avancée en ligne le 18 avril. doi: 10.1093/ageing/afy068.

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Vos réactions (1)

  • La cause du décès pas les antécedents

    Le 03 octobre 2018

    Pas besoin d’étude pour savoir que ces certificats sont peu fiables. Par contre, je n’ai pas du bien comprendre l’article parce que je ne vois pas ce que prouveraient 100 % de certificats avec la mention démence. On demande la cause de décès pas les antécédents ! Ce n’est pas, parce qu’on est dément, qu’on ne peut pas mourir d’une cause totalement indépendante. Un AVC dans une démence n’est par nécessairement favorisé par cette dernière. Une infection urinaire de même, un accident de la voie publique : Idem. Eh oui, vous avez beau faire attention, vous pouvez quand même vous faire écraser en traversant la rue.

    Dr Jean-Philippe Pau Saint-Martin


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