
Paris, le samedi 20 octobre 2018 – C’est un débat récurrent et qui tourne assez facilement et généralement à la caricature. D’aucuns font appel à leur souvenir d’enfance en les érigeant en leçon universelle, d’autres s’inquiètent des dérives d’une société permissive et les derniers se montrent trop facilement culpabilisateurs vis-à-vis de ceux qui n’ont pas toujours su réfréner un mauvais geste. En France, l’interdiction des violences dites éducatives (gifles et fessées) tarde ainsi à être inscrite dans la loi. Alors qu’une partie du monde politique se refuse à s’immiscer dans l’intimité des familles et est réticente à proposer un débat de société potentiellement controversé, certains se montrent dubitatifs sur les conséquences d’une telle interdiction. Ne risque-t-on pas de créer une société plus indisciplinée ?
Donner le bon exemple
Une étude observationnelle publiée dans le BMJ Open se montre
sur ce point assez rassurante. Conduite dans 88 pays et portant sur
plus de 403 600 enfants, elle met en évidence une diminution de la
violence entre jeunes dans les pays où les châtiments corporels
contre les enfants sont proscrits. Dans la trentaine d’états où
lever la main sur un petit est interdit à l’école comme à la
maison, on constate une diminution de 20 % des bagarres entre
garçons et de 42 % entre filles, par rapport à la vingtaine de pays
(dont la France) qui n’ont pas proscrit ces violences. Par
ailleurs, dans les 38 pays (dont la France) où les punitions
physiques ne sont interdites qu’à l’école, les violences entre
filles ont diminué de 56 % (par rapport aux états sans
législation). Si bien sûr, le recul des violences entre enfants
n’est pas uniquement lié à la fin des châtiments infligés par les
adultes, il est probable qu’une société qui proscrit ce type de
geste fait la promotion de rapports apaisés, tandis que la
stigmatisation des coups permet de rompre avec le cercle vicieux de
la reproduction.
A bon entendeur.
D.C.