Affaires de cœur au téléphone

Un groupe de cardiologues de l’Université de Hasselt et du Ziekenhuis Oost-Limburg (ZOL, Genk) a présenté les premiers résultats d’une campagne de dépistage de la fibrillation auriculaire, entièrement réalisée de manière digitale.

Le dépistage de la fibrillation auriculaire est recommandé chez toutes les personnes de 65 ans ou plus. Mais ce n'est pas facile à réaliser, en raison du temps que cela prendrait, des ressources de santé publique que cela devrait mobiliser et des problèmes logistiques que cela poserait. C'est pour contourner ces obstacles que l'équipe limbourgeoise a mené une étude de faisabilité d'un dépistage de masse basé sur une application smartphone utilisant le pouls du patient.

Dans le journal

Le recrutement des individus participant à l'étude était, lui aussi, original: l'appel fut lancé via un journal local, avec publication d'un QR code donnant accès à l'application smartphone. Plus de 90.000 abonnés ont reçu ce journal. Les participants ont reçu l'instruction de mesurer leur rythme cardiaque à deux reprises par jour lorsqu'ils ressentaient des symptômes, cela pendant une période de monitorage de neuf jours. Les symptômes en question furent notés et les enregistrements ont été classés de manière automatique en trois catégories: fibrillation possible, rythme irrégulier et qualité insuffisante de l'enregistrement. Ensuite, tous les enregistrements de rythme irrégulier ont été revus par des techniciens médicaux formés et des cardiologues familiers avec l'application smartphone utilisée.

En 48 heures, 12.238 participants s'étaient inscrits. Ils ont suivi la période de neuf jours d'enregistrement. Cela a permis d'identifier une fibrillation chez 136 patients, ce qui correspond à une prévalence de 1,1% dans la population générale. L'âge moyen des personnes ayant des épisodes de fibrillation était de 63±11 et 7sur 10 d'entre eux étaient de sexe masculin. C'étaient dans la toute grande majorité (98%) des fibrillations paroxystiques et 14% étaient détectées dès le premier enregistrement. Les 38 autres patients (28%) avaient une fibrillation persistante ou permanente et ont tous été détectés du premier coup. Parmi tous les patients ainsi identifiés, une centaine ont rempli le questionnaire de suivi. Dans le même groupe de cent, 40 personnes étaient des nouveaux diagnostics, les autres étant déjà connus. Une moitié d'entre ces nouveaux patients a consulté un professionnel de la santé pour confirmation du diagnostic. Et parmi ceux qui étaient déjà connus, 17 soit 28%, ont bénéficié d'un ajustement de leur traitement.

Élargissements en vue

L'équipe limbourgeoise conclut donc à la faisabilité d'un dépistage de masse par voie électronique. Il est efficient et efficace dans la détection des fibrillations auriculaires persistantes et paroxysmales.

Avec les progrès que l'on peut encore attendre des technologies informatiques et de communication, cette possibilité ne devrait faire que s'élargir.
 

Dr Jean Andris

Référence
12e Belgian Heart Rhythm Meeting (Zaventem, Belgique) : 4-5 octobre 2018.

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