VIH/sida: le premier traitement injectable en IM

L'étude LATTE-2 montre qu'une injection d'une association cabotégravir et rilpivirine toutes les 4 ou 8 semaines est équivalente à la même association per os pour maintenir une charge virale VIH-1 < 50 copies/mL. Aucun n'echec virologique n'a été rapporté, avec des effets secondaires liés à l'injection qui s'avèrent légers à modérés. Avec ces résultats à 3 ans, c'est un pas de plus qui est franchi pour un traitement moins contraignant du VIH/sida avec pour conséquence un renforcement de l'observance et moins d'échecs thérapeutiques.

LATTE-2 est une étude de phase 2b, multicentrique, évaluant l'efficacité anti-virale et l'innocuité d'un schéma à deux antirétroviraux associant le cabotégravir (CAB), un inhibiteur d'intégrase et la rilpivirine (RPV), un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse, en IM toutes les 4 ou 8 semaines comparé au même schéma per os. Les premières analyses de l'étude à S96 avaient déjà démontré des taux de réponses comparables entre les deux traitements. Aujourd'hui on dispose des données à 160 semaines. L'étude de phase 2b multicentrique a inclus 309 patients (91% d'hommes) dont 19% présentent une charge virale > 100.000 copies/mL HIV-1- RNA. A l'issue d'une période d'induction de 2 semaines avec un schéma CAB 30 mg per os + ABC/3TC 1x/j, les patients avec une charge virale < 50 copies/mL sont randomisés pour recevoir l'association CAB + RVP à action prolongée en IM chaque 8 semaines (Q8W) ou chaque 4 semaines (Q4W) ou continuer le traitement per os.

Une injection bi-mensuelle

A la semaine 160, 90% (schéma Q8W) et 83% (schéma Q4W) des patients ont une charge virale < 50 copies/mL en ITT. Parmi les patients qui étaient traités per os et qui passent à l'injection à la semaine 96, respectivement 97% (schéma Q8W) et 100% (schéma Q4W) ont une charge virale indétectable à la semaine 160. Aucun patient n'a développé d'échec virologique après la semaine 48. Hormis les réactions sur le site d'injection, les effets secondaires les plus communément rapportés sont les naso-pharyngites (38%), les diarrhées (22%) et les migraines (22%). Chez 21% (schéma Q8W) et 25% (schéma Q4W) des patients, les effets secondaires sont ≥ grade 3 dont 2% (schéma Q8W) et 5% (schéma Q4W) sont liés au traitement. De 3% (Q8W) à 10% (schéma Q4W) des patients ont des effets secondaires entraînant l'arrêt temporaire ou définitif du traitement. Les réactions sur le site d'injection engendrent pour la plupart des douleurs légères à modérées et un sentiment d'inconfort lorsqu'elles sont plus sévères (<1% des patients).

Le traitement du futur

La conclusion est qu'un schéma à deux antiviraux injectables toutes les 8 semaines ou toutes les 4 semaines amènent  un taux élevé de réponses virologique, une durabilité de la réponse sur le long terme à 3 ans avec une bonne tolérance. Ce schéma par voie injectable est équivalent à la voie orale. Il devrait contribuer à renforcer la compliance et par voie de conséquence, limiter les échecs thérapeutiques et l'apparition de résistances.
 

Dr Claude Biéva

Références
1.Margolis D, et al. HIV 2018;#P118

HIV drug therapy (Glasgow) : 28-31 octobre 2018.

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