Les mutilations sexuelles féminines concernent 240 millions de
femmes dans le monde (Afrique sub-saharienne, Inde, Indonésie,
Amérique du Sud). La mutilation traditionnelle emporte une partie
du genou clitoridien mais les nerfs principaux sont toujours
respectés et la chirurgie réparatrice est donc possible. La
désinsertion du clitoris entraine cependant un ancrage de celui-ci
à la symphyse pubienne et une pseudo-infibulation avec coalescence
des petites lèvres exposant le périnée postérieur et diminuant la
hauteur utile de la vulve. On observe cependant des formes
d’excision variées en fonction des pays, des exciseuses et des
traditions. Une médicalisation de l’excision apparait dans certains
pays avec des résultats catastrophiques pour les patientes puisque
les médecins attaquent le clitoris beaucoup plus haut que les
exciseuses en laissant moins de moignon « récupérable » en
réparation et en augmentant les douleurs…
Le protocole chirurgical consiste en une désinfibulation
(séparation des petites lèvres) en prenant garde au méat urinaire,
puis une reconstruction du clitoris, des petites lèvres avec
ancrage du gland clitoridien pour éviter la récidive et enfin
reconstruction périnéale. Notre publication de 3000 cas (âge moyen
à l’excision 6,1 ans !) dans le
Lancet a montré que les
attentes pré-chirurgicales des patientes sont la récupération de
leur identité (99 %), l’amélioration de leur vie sexuelle (81%) et
la réduction des douleurs (29 %). A un an post-opératoire, 97,7 %
des femmes rapportaient une diminution de leurs douleurs, 95 % un
plaisir d’origine clitoridienne et 51 % des orgasmes. Il s’agit
donc d’une technique simple et reproductible, restaurant un vrai «
néo-gland » clitoridien permettant l’amélioration du plaisir
sexuel. La prise en charge optimale se doit d’être complète avec
une phase initiale attentive et pluridisciplinaire (psychologue,
sexologue, assistante sociale, avis juridique…) car tous les cas ne
relèvent finalement pas de la chirurgie.
Dr Catherine Azoulay