
Paris, le vendredi 7 décembre 2018 - Révélé par l’Obs avant sa
parution officielle, le projet de réforme de l’accès aux études de
santé n’a pas mis longtemps à faire réagir les syndicats étudiants.
Dans la même publication, 13 organisations appellent à « mettre
un terme à cette première année de sélection pure et lui substituer
une réelle année de formation ». Si le gouvernement a bien
annoncé la suppression de la Première année commune des études en
santé (PACES), l’idée de la remplacer par une formation en 3 ans
relevant du modèle universitaire classique de la licence a fait
long feu, faute de l’adhésion d’une majorité d’universitaires
inquiets des conséquences d’une sélection intervenant trop
tardivement.
Le choix s’est donc porté vers une architecture très proche de
l’existant, à savoir une sélection au bout d’une année baptisée «
Portail Santé ». Au rayon des innovations, on compte
toutefois la fin du redoublement qui permettra aux étudiants
recalés de s’inscrire dans une autre licence et aux fameux «
reçus-collés » de valider cette année et d’être réorientés
dans d’autres filières scientifiques. Par ailleurs, l’accès au
Portail Santé après le BAC sera a priori conditionné par le suivi
de trois années d’enseignement de Sciences de la vie et de la Terre
(SVT) au lycée et constituera environ 70 % des effectifs. Les 30 %
restant seront recrutés au niveau Licence 2, Licence 3 ou Master
parmi les étudiants de toutes filières, mais ayant toutefois suivi
une « mineure santé » au sein de leur cursus universitaire.
Du courage et de l’ambition
Aux yeux des organisations étudiantes, « ce projet présenté
comme consensuel » n’est ni plus ni moins qu’une «
reproduction des erreurs passées ». Regrettant que «
toutes les idées innovantes exprimées lors des concertations
entre ministère, universités, doyens et étudiants [aient] été
balayées », elles estiment que le modèle présenté n’est autre
qu’ « une version dissimulée du système précédent, mais
finalement tout aussi sélective et discriminatoire ». Non
content de n’apporter « aucune amélioration par rapport à la
PACES si ce n’est un changement de nom afin d’organiser une
sélection à l’entrée de celle-ci », le Portail Santé va
continuer à « homogénéiser les profils là où il faudrait
diversifier les voies d’accès aux études de santé », dénoncent
les associations représentatives étudiantes.
Benoît Thelliez