Un médecin et une infirmière mis en cause par la justice après une euthanasie

Toulouse, le mercredi 26 décembre 2018 -  Une femme médecin anesthésiste, exerçant à l’hôpital de Lavaur dans le Tarn, a reconnu avoir ordonné à une infirmière d’injecter du curare à une patiente de 83 ans dans l’objectif de l’euthanasier. Elle a été mise en examen pour meurtre ce 21 décembre et placée sous contrôle judiciaire par le parquet de Toulouse en charge du dossier. L’infirmière qui a injecté la dose mortelle a été « placée sous le statut de témoin assisté ».

Vendredi après-midi, un conseil de surveillance de cet établissement s’est tenu pour évoquer l’affaire. Pour l’heure, il a uniquement été précisé que la malade avait été admise la veille en urgence et « était très malade ».

La praticienne, âgée de 68 ans, effectuait depuis plusieurs années des remplacements dans cet établissement, où elle jouit, semble-t-il, d'une excellente réputation.

« Révulsion » pour l’euthanasie

Le maire de Lavaur et président du conseil de surveillance de l’hôpital, Bernard Carayon a déclaré au Monde qu’elle est « une femme de qualité, connue depuis longtemps dans l’établissement pour son expérience, sa technicité et je dirais même son humanité ». Il s’est néanmoins déclaré « effondré » car «  très attaché aux soins palliatifs, c’est-à-dire cette voie médiane entre acharnement thérapeutique et euthanasie qui suscite ma révulsion pour des raisons philosophiques et humanistes ».

Au-delà de ces considérations morales, sur le plan juridique, il a fait valoir que « le processus de la loi Leonetti n'a pas été respecté », en particulier le principe de collégialité de la décision de sédation profonde et continue. « Ni les médecins, ni la famille n'ont été associés » précise-t-il aussi avant de rappeler que « depuis vingt ans, notre ville est pionnière dans la réflexion sur les soins palliatifs. Nous soutenons tout un réseau d'associations locales comme JALMALV (Jusqu'à la mort accompagner la vie) qui travaillent sur la question des soins palliatifs ».

Une fois de plus, donc, l’antagonisme entre partisans de l’euthanasie et ceux favorables aux soins palliatifs ressurgit dans l’actualité judiciaire.

F.H.

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Vos réactions (1)

  • Quels partisans ?

    Le 27 décembre 2018

    Voilà encore une situation, certes bien classique et malheureusement très (trop) habituelle : un médecin se retrouve devant un patient admis en urgence, avec un pronostic sombre, sans y être préparé (à ce qu'on peut supposer dans ce cas précis : un dossier bien clair, avec un programme de soins bien défini, et les noms et téléphones des intervenants habituels, devrait dans l'idéal accompagner ces patients , car on sait qu'ils risquent fort de se retrouver aux urgences sans préavis !).

    Et le médecin prend les mauvaises décisions (ce qui était banal à une certaine époque, soyons honnêtes) : décision radicale seul, délégation de tâche ...(avec une IDE qui l'accepte, certes, sans peut être réaliser la gravité de cette obéissance à cause de l'"urgence" ?).

    Nous sommes des soignants, pas des partisans, et l'acharnement thérapeutique comme "l'euthanasie" reflètent de mauvaises pratiques professionnelles, tant personnelles qu'institutionnelles. Ce genre de décision grave doit se prendre en équipe, et je préfère parler de soins proportionnés, avec des limites dans les moyens employés (intubation, ventilation mécanique, dialyse, chirurgie ? tout doit être pesé ...et justifié ou refusé).

    Et si par extraordinaire je devais décider tout seul en urgence de ne pas réanimer je n'utiliserais pas un curare.

    Dr F Chassaing

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