Le vin, un alcool pas comme les autres ? Le ministre de l’agriculture relance la polémique, celui de la santé se tait
Paris, le jeudi 17 janvier 2019 – Comme une impression de
déjà-vu.
Invité, hier, de Jean-Jacques Bourdin, le ministre de
l'Agriculture, Didier Guillaume a affirmé : « je ne crois pas
que le vin soit un alcool comme les autres (…) Je n'ai jamais vu
(...) un jeune qui sort d'une boîte de nuit et qui est saoul parce
qu'il a bu du Côtes-du-Rhône, du Crozes-Hermitage, du Bordeaux (…)
Ils boivent des mélanges, des mix, de l'alcool fort
».
Il a ensuite estimé que face à « l'addiction à l'alcool
[qui] est dramatique »…une des méthodes d’éducation serait
d’apprendre « à boire un verre de vin » !
Sans surprise, le sang des addictologues n’a fait qu’un
tour.
Le silence assourdissant d’Agnès Buzyn
Ainsi, dans Le Monde, Jean-Pierre Couteron, psychologue
spécialiste des addictions, et ancien président de la Fédération
Addiction estime que différencier le vin des autres alcools est «
une hérésie, un discours ravageur (…) l’éthanol, c’est de
l’éthanol » martèle-t-il.
C’est précisément ce que rappelait le ministre de la santé
Agnès Buzyn, en février 2018 : « aujourd’hui, l’industrie du vin
laisse à croire que le vin est un alcool différent des autres
alcools. Or, en termes de santé publique, c’est exactement la même
chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. Il y
a zéro différence ! […] On laisse penser à la population française
que le vin serait protecteur, apporterait des bienfaits […]. C’est
faux. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre »,
avait-elle rappelé, se déclarant favorable à une information claire
sur les méfaits du vin dès le premier verre.
Mais cette bonne intention n’avait pas résisté au courroux d’autres
membres du gouvernement et du Président de la République qui avait
estimé nécessaire de cesser « d’emmerder les Français »,
en se vantant de boire du vin midi et soir, « même si ce n’est
pas la mode ».
Ces vives remontrances semblent avoir porté leur fruit puisque
cette fois-ci aucune déclaration d’Agnès Buzyn n’est venue
contredire l’affirmation de son collègue de l’agriculture…
Les faits sont têtus
D’autres heureusement ne sont pas contraints au silence.
Spécialistes des addictions et associations de patients se sont
efforcés de rétablir les faits.
Ils ont d’abord rappelé que sur un total de 11,68 litres équivalent
d’alcool pur consommés en moyenne par habitant en 2017, 6,79 sont
du vin, 2,41 des spiritueux et 2,30 de la bière, selon le
recensement de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies…
Ainsi, Bernard Basset, vice-président de l’Association nationale de
prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) rappelle «
contrairement à ce que prétend le ministre de l’Agriculture,
les études démontrent que les jeunes se saoulent avec du vin (18 %)
ou du champagne (25 %) selon l’Observatoire français des drogues et
des toxicomanies (OFDT). Le vin est aussi un alcool comme les
autres pour se saouler ».
De son côté, le Pr Michel Reynaud a insisté sur les réseaux sociaux
: « il y a tous les jours des comas éthyliques au vin » et
a invité le ministre « à faire un tour aux urgences un soir de
feria ou de Beaujolais nouveau ».
D'autres encore ont pointé une nouvelle fois l’influence des
lobbys, en particulier de Vin & Société dont l’ancienne
présidente conseille aujourd’hui le président de la République.
Pour Amine Benyamina cette influence « place la France dans une
position intenable et lamentable ».
Ces propos du ministre de l'agriculture ont également ravivé la
déception concernant le plan addiction récemment présenté et qui ne
contient sur l’alcool que des mesures symboliques (doublement de
l’amende pour ivresse publique ou encore augmentation, qualifiée de
« significative » (mais sans autre précision ni de
calendrier) de la taille du pictogramme avertissant du danger de la
consommation d’alcool pendant la grossesse…)
Sur le plan de l’action des autorités sanitaires, le vin, en
France, n’est vraiment pas un alcool comme les autres…
Ahurissement! Il n'y a pas d'alcools différents des autres. Ce sont des molécules organiques avec radical hydroxyle. Seul diffère le degré alcoolique. Et le degré de nos cépages traditionnels français - excellents au demeurant - ne diffère pas en unité des breuvages scélérats britanniques. 3 verres de Côte du Rhône rend aussi pompette qu'un verre du pur malt des highland...
Dr Pierre Athias
On interdit tout...quelle tristesse
Le 18 janvier 2019
Non, le vin n'est pas un alcool comme un autre! Il faut arrêter d'embeter les français et ne pas tuer une économie dont le pays a le plus grand besoin. Soyons réalistes...le cannabis, c'est vraiment mieux qu'un verre de vin? Le Lexomil , plus efficace qu'un verre de crémant le soir? Un coca-cola plus sain qu'un verre de rouge au repas? Le vin n'est pas responsables des excès de certains...de toutes façons les français boivent beaucoup moins qu'il y a 40 ans. Ce n'est pas parce qu'une voiture peut tuer qu'on en interdit l'usage: on limite la vitesse...mais avec le vin c'est pareil: prenons garde à ne pas créer de révolte citoyenne, comme avec les 8o km/h qui ont entraîné la destruction d'innombrables radars, ce qui n'était pas arrivé avant!
Dr Astrid Wilk
Injonctions "purificatrices"
Le 18 janvier 2019
On peut dire, sans beaucoup de chances de se tromper, que tout médicament est dangereux, voire mortellement dangereux si on ne respecte pas les posologies. C'est même une "vérité de LaPallice" pour à peu près tout ce que nous pouvons ingérer, y compris bien sûr, l'alimentation et les boissons.
Ce postulat posé et la nécessaire éducation qu'il implique, éducation thérapeutique ou éducation alimentaire, j'ai fâcheusement tendance, chaque jour, à m'écrier (et je suis loin d'être le seul): Quand cessera-t-on de nous "piétiner l'aorte", pluriquotidiennement, avec des injonctions que l'on prend soin, en plus de les formuler verbalement, de les faire défiler sur un bandeau en bas de l'écran, injonctions (à ce stade ce ne sont plus des simples conseils) qui préconisent de manger 5 fruits et légumes par jour, sans faire allusion à tous les pesticides et herbicides dont ils sont généralement imprégnés quand on sait les "souplesses" que s'accordent agriculteurs et maraîchers sur les doses d'épandage et le respect de délais avant cueillette.
Ces injonctions continuent et sont maintenant rejointes et dépassées en volume par celles issues des "chapelles" du "végétarisme", du "végétalisme" et, de plus en plus, du "véganisme", le "nouveau terrorisme alimentaire" qui pousse le bouchon jusqu’à vandaliser des boucheries, des charcuteries et +, réclamer à hauts cris des interdictions, autant dire des "fathouas", à l'instar de vulgaires "djihadistes" décérébrés qui entendent imposer leur totalitarisme, au nom de la "démocratie" , bien sûr.
Alors, nous disons:"BASTA!"! Au moment où des délinquants notoires et récidivistes ressortent du tribunal ou du bureau du Procureur en brandissant des "doigts d'honneur" après n'avoir écopé que d'un "rappel à la loi", j'aimerais savoir quelle faute nous aurions commise, quelle atteinte à la liberté ou à la personne d'autrui, à ses biens, à la morale, pour mériter ce harcèlement permanent qui, personnellement, aurait finalement tendance à m'inciter à la rébellion, à même faire l'inverse de ce qui est "recommandé".
Fumeur "repenti" (je déteste le terme) de longue date, je me réjouis de la baisse du tabagisme, ayant soigné assez de BPCO et de cancers respiratoires pendant des années pour mesurer l'ampleur du problème mais j'ai craint souvent que la "lourdeur" et le "prêchi-prêcha" naïf et primaire des campagnes, pourtant coûteuses, n'aboutissent à l'inverse. J'admets plus volontiers que l'augmentation importante du prix a dû être plus efficace, ajoutée au travail "de terrain".
Et nous voilà repartis sur le vin, avec, on le sent bien, une volonté ayathollesque chez certains, d'éradiquer cette boisson en invoquant des arguments "scientifiques" sur sa composition de base. Cette composition est connue depuis bien longtemps et l'on sait depuis des lustres que l'abus d'éthanol est nuisible, qu'une certaine quantité de bière (et même de cidre), de vin ou toute autre boisson moyennement alcoolisée, équivaut à une quantité correspondante d'alcool fournie par une "boisson forte". Je comprends que Mme Buzyn n'ait pas relevé, cette fois, le propos du ministre de l'agriculture dont, pourtant, on ne peut douter de sa proximité avec les lobbys de l'agriculture .
Trop c'est trop et tâchons d'éduquer intelligemment la population, de préserver avec force les jeunes du "Bilge-drinking" dont on est en droit de se demander si ,indépendamment de "l'effet Panurge" des "Zérossociaux", n'est pas une autre façon de se "défoncer" au Prozac devant le monde pourri et anxiogène qu'on est en train de leur laisser en héritage. Méditons tranquillement cette chanson d'Eric Frasiak, en plein dans le sujet:https://www.youtube.com/watch?v=8hEyLiTkwD4