
L’endométriose concernerait entre 8 et 10 % des femmes en âge de reproduction. Le diagnostic de certitude n’est posé que chirurgicalement et certaines endométrioses peuvent être asymptomatiques, ce qui signifie qu’un certain nombre de patientes restent sans doute sans diagnostic et que la prévalence pourrait être encore largement supérieure.
Des choix de carrière contrariés
Les symptômes nombreux et sévères, la chronicité de la maladie, les effets indésirables des traitements et les retards au diagnostic sont autant d’éléments affectant la qualité de vie des patientes, y compris leur vie professionnelle. Une étude récente apporte un nouvel éclairage sur l’impact de l’endométriose sur ce point. Il s’agit d’une étude cas-témoins multicentrique, sous forme de questionnaire détaillé, impliquant 505 femmes atteintes d’endométriose avérée et 505 témoins. Les résultats confirment l’impact de l’endométriose sur la vie professionnelle. Dans les choix de carrière d’abord, puisque les femmes atteintes d’endométriose travaillent moins souvent dans le domaine qui les intéressent que les femmes non atteintes (Odds ratio OR 1,84 ; intervalle de confiance à 95 % IC 1,15 à 2,94). Elles décrivent des freins plus nombreux et puissants dans l’évolution de leur carrière et leurs décisions professionnelles, liés à leur état de santé (OR 4,79 ; IC 2,30 à 9,96).
Et davantage d’arrêts de travail
L’endométriose est associée à une plus grande fréquence des arrêts de travail (OR 3,52 ; IC 1,02 à 6,13) et à une perte de productivité au travail rapportée par 65 % des patientes. Le temps moyen hebdomadaire d’absence au travail va de 4,4 heures à 7,4 heures. Les arrêts sont le plus souvent motivés par les douleurs chroniques, la fatigue et l’impact psychologique de la maladie (dépression, anxiété), symptômes qui ne sont d’ailleurs le plus souvent pas corrélés avec la gravité de la maladie.
Selon les résultats de cette enquête, qui confirment ceux de travaux antérieurs, les patientes atteintes d’endométriose compensent la baisse de leur « rendement » en prenant, pour leurs absences, sur leurs heures supplémentaires ou leurs congés. D’autres réduisent leurs activités de loisir pour garder leur énergie pour leur travail.
Ces données soulignent l’intérêt, pour les médecins prenant en charge ces patientes et les médecins du travail, d’évaluer l’impact de l’endométriose sur la vie professionnelle.
Dr Roseline Péluchon