Le nouveau rendez-vous d’Agnès Buzyn avec la psychiatrie
Paris, le 25 janvier 2019 - Il y a un an, Agnès Buzyn montrait
sa volonté de faire de la psychiatrie une des priorités de son
action au sein du gouvernement, en présentant l’ensemble des
mesures qu’elle comptait déployer dans les prochaines années afin
d’améliorer la prise en charge des personnes atteintes de troubles
mentaux. Elle l’avait fait au cours du congrès de l’Encéphale, l’un
des principaux congrès de psychiatrie en France, et ce choix avait
été interprété comme un message fort envoyé à la profession. Elle
avait également su faire sentir qu’elle comprenait les enjeux
actuels de la psychiatrie, ses besoins, et proposait des mesures
qui, sans être forcément approuvées par tout le monde, avaient au
moins le mérite d’apparaitre comme réfléchies et
structurées.
Dans ce qui semble en passe de devenir un nouvel exercice
annuel d’Agnès Buzyn, la ministre est venue présenter ses vœux à la
communauté psychiatrique à nouveau lors du congrès de l’Encéphale,
ce 24 janvier. Son discours, plus technique que celui de l’année
précédente, a surtout été un bilan des réformes annoncées.
Reprenant les "éléments de langage" actuels du gouvernement dans le
contexte de la crise des "gilets jaunes", la ministre a
sous-entendu (assez peu à propos) qu’une partie de la grogne venait
du fait que les actions du gouvernement ont peut-être été mises en
place trop tardivement ou trop lentement. Dont acte, voyons ce qui
a déjà été fait depuis janvier 2018.
« La quasi-totalité des trente-sept actions de la
feuille de route, est engagée ou programmée »
Parmi les mesures annoncées il y a un an, le dispositif
Vigilans, dédié à la prévention du suicide (voir Prévention du
suicide : VigilanS tisse sa toile) est aujourd’hui déployé dans
cinq régions, et le sera dans 12 régions fin 2019, et dans toute la
France en 2020. De même, dix dispositifs de prise en charge des
psychotraumatismes, dont la création était annoncée l’année
dernière, sont actuellement en cours de mise en place. Enfin, les
dix postes de chefs de clinique de pédopsychiatrie, eux aussi
annoncés l’année dernière, ont été créés comme prévu en 2018, et
dix autres le seront en 2019.
Toujours dans le concret, et même le très concret, c’est tout
récemment qu’une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’euros
destinés à la psychiatrie a été débloquée, à laquelle i il faut
ajouter 10 millions d’euros dévolus à un « fonds d’innovation
organisationnelle » en psychiatrie.
« Au total, si l’on tient compte de ces investissements
additionnels, ajoutés aux moyens de la feuille de route, ce sont
100 millions supplémentaires par an pour la psychiatrie et la santé
mentale, dès cette année » a avancé Agnès Buzyn. Espérons que
ces nouveaux fonds permettent de sortir de la misère ce « parent
pauvre » de la médecine, pour reprendre l’expression utilisée
il y a un an par la ministre.
Rien pour la psychiatrie libérale
Si l’ensemble des mesures évoquées semble aller dans le bon sens,
il faut reconnaitre que le discours prononcé hier était parfois
flou ou en tous les cas que certains éléments étaient noyés dans un
jargon technique. Il a ainsi été évoquée une « mission » sur les
Centres Médico-Psychologiques qui devrait bientôt être lancée, ou
encore un cadre juridique pour « l’habitat inclusif » pour
les personnes handicapés. Enfin, à côté des faits concrets exposés
plus haut, il n’y a pas eu d’annonce claire sur la modification du
mode de financement des secteurs, suggérée l’année dernière, ni
aucune évocation de la psychiatrie libérale.
Semble ici oubliée la pédopsychiatrie! Avec un nombre de confinement en baisse de pédopsychiatres. Et donc des files d'attentes gigantesques aux portes des CMP, CMPP, CAMPS, CAPP, etc, etc, et dans nos consultations en libéral.
A propos de libéral, comment s'y retrouver dans ce dédale de remboursements ciblés en fonction de l'âge, du temps passé, du fait d'être en première file ou en seconde...de recevoir les parents...c'est absolument n'importe quoi, de quoi désespérer les plus tenaces! La pédopsychiatrie également se déshumanise avec l'épidémie des "dys" l'élargissement du "spectre autistique" et la propension à penser que seules les remédions cognitive-comportementalistes sont efficaces!