
Besançon, le lundi 28 janvier 2019 – Les conditions dans
lesquelles sont survenus plusieurs décès de résidents de
l’Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes
(EHPAD) de Larmont à Pontarlier suscitent des
interrogations.
Alertée par une famille au printemps 2018 et après une
inspection administrative début décembre, l'Agence régionale de
santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté a saisi le parquet de
Besançon. Interrogé par L’Est Républicain, Étienne Manteaux,
procureur de la République de Besançon confirme avoir ouvert une
enquête préliminaire et indique que : « les premiers constats
(…) sont préoccupants ».
Deux éléments retiennent particulièrement son attention, d'une
part, « une surmortalité des résidents de cet établissement
comparée à la moyenne nationale », et d'autre part, «
l'utilisation de molécules jamais ou rarement utilisées dans la
majorité des EHPAD ». Il souligne, par ailleurs, que le
nombre de cas suspects reste « inconnu pour le moment ».
Reste qu’un médecin travaillant dans cet établissement a déjà été
mis à pied à titre conservatoire.
Des « euthanasies clandestines » impossibles à évaluer
Ce fait divers est révélé alors que le 25 janvier dernier, la
SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs) a
une nouvelle fois manifesté ses réticences face à des chiffres
régulièrement avancés, concernant le nombre supposé d’euthanasies
clandestines. Elle conteste notamment le nombre de 4000 euthanasies
clandestines, statistique régulièrement reprise, par exemple
récemment par le Pr Jean-Louis Touraine, rapporteur des lois de
bioéthique.
Ces chiffres se basent sur une extrapolation d’une étude de
l’INED (Institut national d'études démographiques) qui recensait 38
cas « d’administration de médicaments pour mettre délibérément
fin à la vie » sur 4 723 décisions médicales en fin de
vie.
Or, pour la SFAP, « cette extrapolation n’est pas
rigoureuse et l’auteur de l’étude, Sophie Pennec, expliquait à
Libération que la moitié des 38 cas correspond en fait à une
sédation terminale et non à une euthanasie ». Elle estime en
outre que « pour peu que l’on prenne connaissance de
l’intégralité de l’étude, on lit que, parmi les décisions médicales
en fin de vie, seules "0,2% sont pratiqués en administrant
délibérément une substance pour mettre fin à la vie (11 cas)"
».
F.H.