SASPAS : un dispositif intéressant et pertinent...mais à surveiller

Paris, le lundi 4 février 2019 – La désaffection d’une partie des jeunes médecins pour l’exercice libéral est une préoccupation des pouvoirs publics depuis plusieurs années. Pour tenter de corriger cette tendance inquiétante pour l’organisation des soins primaires, l’accent a notamment été mis sur le développement des stages en ambulatoire au cours de l’internat. C’est ainsi notamment que dans le cadre de la nouvelle maquette de l’internat de médecine générale, le Stage autonome en supervision indirecte (SASPS) est en passe de devenir obligatoire. La plupart des syndicats de jeunes médecins et d’étudiants ont défendu une telle évolution en raison de la pertinence de ce stage pour l’apprentissage de l’exercice en ville : c’est en effet quasiment le seul moment où l’interne jouira en ambulatoire d’une large autonomie et pourra donc avoir une vue plus précise de l’ensemble des aspects de ce mode d’exercice.

Remplacements déguisés : un risque réel…

Plusieurs universités ont déjà entamé le processus en vue de systématiser le SASPAS. Cependant, dans certaines régions, les difficultés pourraient être plus importantes qu’ailleurs. Certains observateurs signalent en effet le risque que le SASPAS ne se transforme en « remplacement déguisé ». Le principe du SASPAS suppose en effet que le maître de stage médecin généraliste ne soit pas physiquement présent lors des consultations mais assure tous les jours un retour complet sur chaque patient afin de pouvoir répondre aux remarques et interrogations de l’interne. Cependant, dans de rares cas, les maitres de stage espaceraient les séances de compte-rendu et paraîtraient se contenter de récupérer les sommes engrangées. Or, comme certains syndicats interrogés par nos soins nous l’ont rappelé, et notamment Isabelle Riom de l’Inter syndicale national des internes (ISNI), ces maîtres de stage peu scrupuleux ne sont pas toujours immédiatement écartés en raison des difficultés que rencontrent certaines universités à recruter des maîtres de stage.

… mais rare et plutôt maîtrisé

Il s’agit d’un phénomène qui doit inciter les autorités et les internes à la vigilance, mais qui reste minoritaire. Isabelle Riom considère qu’il concerne un stage sur cinquante. Si pour le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), la critique est « pertinente », l’organisation à l’instar de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-MG) parlent de dysfonctionnements plus marginaux encore. Pieter Prats (ISNAR-IMG) juge par ailleurs qu’un « rétro contrôle » est possible et existe.

Rémunération : une position loin d’être unanime

Au-delà, les syndicats se montrent satisfaits de la montée en puissance de ce dispositif et en attendent une évolution très positive pour le développement de la médecine générale. Benoît Blaes du SNJMG se félicite d’une étape « très riche, très intéressante » pour les internes.

Concernant sa rémunération, leurs positions divergent. Quand le SNJMG juge que la rémunération actuelle est justifiée par le fait que les internes sont encore des étudiants, permet justement d’éviter d’entretenir la confusion avec l’idée d’un remplacement déguisée et empêche une pratique inflationniste alors que « c’est un des rares moments où il est possible d’accorder plus d’une demi-heure à chaque consultation », l’ISNI considère pour sa part au contraire que le décalage entre ce que l’interne « rapporte » au cabinet durant le SASPAS et ses émoluments finaux peuvent conduire à des frustrations dommageables, plus encore lorsqu’il apparaît que le maître de stage confond autonomie et remplacement déguisé. Mais pour les syndicats la priorité reste le développement du SASPAS et d’une manière générale des stages en ambulatoire dans d’autres spécialités.

Aurélie Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article