La sérialisation : une nouvelle épine dans le pied des officinaux

Paris, le mercredi 6 février 2019 – A partir de samedi, la sérialisation des médicaments entre en vigueur.

Cette nouvelle procédure, qui répond à une directive européenne de 2011 prévoit que (quasiment) tous les médicaments de prescription médicale obligatoire vendus en Europe soient systématiquement scannés afin de lutter contre les contrefaçons.

Un code informatique uniformisé est désormais apposé sur chaque boîte de médicaments prescrits, ce qui devrait permettre d’améliorer la traçabilité du lot en authentifiant chaque boîte au moment de la distribution. Ces données seront vérifiées en temps réel via une plateforme nationale connectée à un « hub » européen.

Or, si les industriels et les grossistes-répartiteurs se sont bien préparés à cette évolution, selon les syndicats de pharmaciens, pour les officinaux,  tout reste à faire.

Une vision « purement logistique » du pharmacien

Au journal Le Télégramme, Philippe Besset de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) assure ainsi qu’aucune pharmacie en France n’est prête ! Il dénonce par ailleurs une vision « purement logistique » du rôle du pharmacien et juge que le dispositif n’apporte qu’une « fausse sécurité » le système n’ayant pas été conçu pour faciliter le rappel de produits.

Pour sa part, l’USPO (Union des syndicats de pharmacie d’officine) plaide pour un contrôle du médicament à sa réception et non pas au moment de sa dispensation, comme le prévoit le texte européen. Selon l’USPO, cette tâche risque en effet de « perturber » le travail des pharmaciens au comptoir et de poser un problème d’« image » face au patient si sa boîte de médicaments s’avère falsifiée.

En outre, faute de précisions de la Direction générale de la santé (DGS), la plupart des logiciels officinaux n’ont pas encore été adaptés à la sérialisation !

Le LEEM (Syndicat de l’industrie pharmaceutique) remarque quant à lui l’utilité relative d’une telle mesure pour la France qui « n’est pas prioritairement concernée par la contrefaçon de médicaments » et dont le  circuit de distribution est d’ores et déjà « sécurisé ».

Reste qu’encore beaucoup de médicaments non sérialisés sont à écouler, ce qui accorde un délai supplémentaire aux pharmaciens pour la mise en place de ce nouveau système.

Xavier Bataille

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Vos réactions (3)

  • Usine à gaz complexe et parfaitement inutile

    Le 06 février 2019

    La sérialisation est - du moins en France - une absurdité de plus inventée par des technocrates qui ont contraint tous les labos (et donc tous les distributeurs dont bien sûr toutes les officines) d'une grande partie de la planète à scanner - à chaque étape donc au client final, le malade - chacune des boîtes vendues...

    Usine à gaz complexe et parfaitement inutile en France car nos circuits du médicament sont, de loin, les plus sécurisés du monde !
    On remarquera qu'à chaque étape du circuit (du producteur à vous consommateur) un pharmacien en assure en effet le contrôle, ce que nous appelons « traçabilité ».

    Il est vrai par contre que, dans bon nombre d'autres pays - qui ne présentent pas de circuit sécurisé similaire au nôtre - la fraude aux médicaments est importante ; il eût donc été cohérent de laisser la France hors de cette nième usine à gaz....
    Enfin, il est clair que tout cela a un coût et donc que ce coût sera d'une façon ou d'une autre répercuté sur chaque boîte.....

    ACR, ex pharmacien industriel

  • Et l'hôpital ?

    Le 06 février 2019

    Une épine dans le pied des officinaux - d'autant plus que cette mesure est d'une inutilité flagrante en France…. - certes même s'il est finalement aisé d'adapter les logiciels servant à la dispensation et où le pharmacien douchait déjà les codes-barre.
    Mais à l'hôpital ? Quand on reçoit des cartons de 100 boites, voire des palettes entières… est que nos instances dirigeantes ont pensé au surplus de manutention engendré ?

    Christophe Bazin (pharmacien)

  • Ah, la technocratie européenne

    Le 07 février 2019

    Pourquoi avoir imposé cette mesure alors que la falsification des médicaments (hors internet) est inexistante en France, il suffisait simplement d'obliger les pays concernés (Allemagne par exemple) à renforcer leur législation en se calquant sur le modèle français en imposant la présence de pharmacien à toutes les étapes de la fabrication et de la distribution des médicaments. Cela aurait été plus utile que cette usine à gaz.

    Dr Lefoulon

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