
Depuis quelques dizaines d’années, la puberté des filles, et vraisemblablement des garçons, débute de plus en plus précocement. De nombreux facteurs peuvent être à l’origine de ce phénomène, et parmi eux l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Rôle possible des phtalates, des parabènes et des phénols contenus dans les produits d’hygiène et les cosmétiques
Des études chez l’animal ont montré que certains de ces composés chimiques, contenus dans les produits d’hygiène, tels que des phtalates, parabènes et phénols, sont associés à des modifications du développement pubertaire.- Les phtalates de bas poids moléculaire : le di-éthyle phtalate (DEP) utilisé comme parfum dans les shampoings, savons et déodorants, le di-n-butyle phtalate (DnBP) et le di-isobutyle phtalate(DiBP) utilisé dans les vernis à ongle ont des effets anti-androgéniques chez l’animal, et provoquent des retards pubertaires chez le rat mâle.
- Les parabènes : le méthylparabène et le propylparabène, utilisés comme conservateurs dans les produits cosmétiques, ont montré une faible activité œstrogénique et modifient le timing de la puberté chez le rat femelle.
- Les phénols : le triclosan, antibactérien, a montré dans les études chez l’animal une activité œstrogénique, et peut perturber les sécrétions de FSH, LH et de la testostérone ainsi que le timing pubertaire chez le rat femelle. La benzophénone-3 (oxybenzone), filtre ultra-violet, a aussi une activité œstrogénique faible in vitro et dans les études animales.
L’exposition à ces perturbateurs endocriniens est largement répandue puisque plus de 96 % des femmes participant à la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) ont des taux détectables de DEP, DnBP, ou de DiBP, dans leurs urines. D’autres études montrent que 90 % des femmes ont du méthylparabène et du propylparabène dans leurs urines, 75 % du triclosan, et 97 % de la benzophénone-3.
Une étude menée, dès 1999, par le Center for Environmental Research and Children’s Health (CERCH) de l’université de Berkeley (Californie) s’est penchée sur les corrélations éventuelles entre les concentrations urinaires de ces différents perturbateurs endocriniens ou de leur métabolites, chez les mères pendant la grossesse, ou chez les enfants à l’âge de 9 ans, et le développement pubertaire des garçons et des filles.
Les filles davantage concernées
Ces données apportent des éléments supplémentaires aux travaux suspectant les perturbateurs endocriniens de modifier le timing de la puberté.
Dr Catherine Vicariot