Risques professionnels : au travail !

Alors que de plus en plus de phénomènes ayant de potentielles répercussions sur la santé humaine sont analysés en profondeur afin de proposer des solutions basées sur des faits, doit-on passer à la vitesse supérieure concernant la santé au travail ? C’est la question qui se pose à la lecture du dernier BEH consacré aux risques professionnels*.

Pour prévenir les risques au travail, il faut d’abord les connaître. La cohorte prospective multirisques et multi secteurs créée par Santé publique France (Coset), en est un des moyens. Ainsi, à partir de questionnaires soumis à des actifs relevant de la MSA (régime agricole), les experts ont investigué le stress perçu dans le monde agricole et établi son lien avec les syndromes dépressifs ; ils ont également pu noter que l’asthme et la toux avec expectoration chronique y sont plus fréquents chez les salariés que chez les non-salariés.

Résultats inquiétants

D’autre part, alors que le risque des expositions à différentes substances chimiques pendant la grossesse pour l’enfant à naître est de plus en plus surveillé ; ce BEH présente la première étude sur l’exposition professionnelle des travailleuses françaises en âge de procréer à trois grandes familles de solvants (chlorés, oxygénés, pétroliers). Plus d’un million seraient exposées à des solvants oxygénés ; un résultat  d’autant plus inquiétant que les femmes les plus exposées sont les 15-29 ans et les non-salariées (deux fois plus que les salariées).

Risques indétectables

A ce jour, comme le rappelle dans l’éditorial le Pr William Dab**, la prévention au travail n’est pas fondée sur des preuves car, entre autres raisons, les pathologies sont multifactorielles (on peut être fumeur, avoir des activités à risque hors travail...) et les risques professionnels en grande partie invisibles.

Ainsi le médecin du travail ne détecte pas des risques qui, individuellement, ne sont pas détectables. La mise en œuvre en santé au travail de l’utilisation de questionnaires standardisés tels ceux de Santé publique France permettrait de renforcer le niveau de preuve et de poursuivre la surveillance.

Mais surtout, il est nécessaire que les résultats se traduisent en actions préventives ! « Ce qui n’est pas évident dans un pays qui n’a pas d’école de santé au travail », conclut l’expert.

Et comment la prévention pourra-t-elle atteindre les femmes non salariées exposées aux solvants ?


**Dab W. Éditorial. Santé au travail : vers une prévention fondée sur des preuves. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(7):120-1. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2019/7/2019_7_0.html

Dr Blandine Esquerre

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