Déserts médicaux : « mieux vaut vivre à Paris »… et en bonne santé

Guéret, le lundi 1er avril 2019 - L'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a ouvert une enquête sur d'éventuels dysfonctionnements après le décès d'un homme de 56 ans, qui attendaient des secours à Gentioux-Pigerolles, un village de la Creuse de 418 habitants.

L’épouse de la victime a appelé mardi dernier le SAMU à deux reprises : à 5h44 puis 15 minutes plus tard. Ce sont finalement les pompiers qui sont intervenus plus de 30 minutes après le premier coup de téléphone, mais le patient était déjà décédé.

« Il vaut mieux habiter Paris que la Creuse »

Dans le quotidien Sud Ouest, le directeur adjoint du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de la Creuse, le colonel Vincent Nezan estime que « les procédures ont été respectées. Au premier appel, la victime ne souffrait que de douleurs abdominales. Une ambulance a été actionnée » pour une intervention sans caractère d'urgence. Or « une ambulance privée à ces horaires-là c'est entre 30 minutes et une heure ». Plus tard, le patient a été victime d'un arrêt cardio-respiratoire justifiant le second appel. « A ce moment-là, il y a urgence et nous (pompiers) partons immédiatement », a ajouté le colonel. Pour lui « l'aspect pathologique » de la victime, gravement malade et ayant subi plusieurs opérations, « ne doit pas être négligé », ni l'aspect géographique. « Si vous voulez bénéficier de secours en quelques minutes, il vaut mieux habiter Paris que la Creuse. C'est malheureux mais c'est une réalité » a-t-il enfin commenté.

Un argument de plus en faveur du numéro unique ?

Le colonel Grégory Allione (fédération nationale des sapeurs-pompiers) juge pour sa part sur l’antenne de France Bleu, que cet incident est le fruit d’un problème de coordination et met en évidence la nécessité de mettre en place « des centres départementaux d'appels d'urgence où toutes les équipes, tous les services travailleraient ensemble. On serait ainsi plus efficace pour porter assistance et secours. Ce serait le réceptacle d'un seul numéro d'urgence, le 112. Au départ d'une intervention, ce serait l'ensemble des services qui serait engagé, en qualité et en quantité, dès la réception d'un appel. On attend maintenant des décisions de nos administrations ».

Apprendre le réflexe pompier

Dans le même esprit et sur les mêmes ondes, Jean-Luc Léger, le président de la Communauté de Communes Creuse Grand Sud, conseille à ses administrés d’adopter le réflexe de joindre en priorité les pompiers : « sur le plateau de Millevaches, nous avons une caserne de pompiers à 15 minutes de chez vous, même quand on vit dans une ferme isolée. Les services d'urgence, eux, sont plus éloignés. Il convient à l'occasion de ce drame terrible de s'interroger sur le service le plus à même d'intervenir en cas d'urgence sur ce territoire avec des routes sinueuses. Il faut donc profiter de la proximité des pompiers qui savent faire, qui savent porter secours très rapidement ».

Soulignons, enfin, que ce drame prend une résonance particulière alors que les 14 et 15 mars derniers, à La Souterraine toujours dans la Creuse se sont tenues, les « assises nationales santé, secours et territoires » au cours desquelles l’un des principaux thèmes concernait la « couverture territoriale des secours » et la « coordination entre Samu et pompiers ». Ces deux jours de discussions donneront lieu, dans les prochaines semaines à la publication d’un livre blanc qui sera transmis à la représentation nationale.

F.H.

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Vos réactions (2)

  • Paris, futur desert medical et pharmaceutique ?

    Le 02 avril 2019

    Avec la hausse permanente de l'immobilier à Paris, il sera bientôt impossible d'utiliser un 5 pieces pour un Cabinet de médecins associés, avec la C bloquée à 25 € qui plus est. Idem pour la pharmacie qui devra verser des salaires à son personnel lui permettant de vivre avec les surcouts de Paris. Notre rentabilité est écrasée. Tant que la doctrine de la Secu(soutenue par la Cour des Comptes) sera l'etranglement de l'offre de solutions médicales pour les malades, des situations comme celle de l'article ci dessus seront de plus en plus visibles et fréquentes. Mais la réaction des énarques sera de les faire durer en créant,devant la colère populaire, une Grrrande Commission…qui rendra un rapport, "qui n'engagera pas" le ministre succédant au précèdent, etc, etc...nous connaissons la manipulation, n'est ce pas ?

    Maignan, pharmacien.

  • Extrême urgence ?

    Le 03 avril 2019

    Un patient gravement malade, plusieurs fois opéré, qui meurt en moins de 30 minutes dans un tableau de douleurs abdominales aurait eu probablement peu de chances de survivre, même à Paris.
    Les pompiers peuvent intervenir très vite, mais pour faire quoi ?
    S'il s'agissait d'une importante hémorragie interne, le remplissage n'aurait peut-être que retardé le décès ?

    Dr Thierry Pourchez

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