Diagnostic clinique de l’endométriose, une urgence de santé publique

Aux États-Unis, 4 millions de femmes en âge de procréer vivent avec une endométriose ayant fait l’objet d’un diagnostic, mais on estime qu’elles ne représentent que 40 % des femmes atteintes.

Plus de 6 millions de femmes américaines souffrent d’une endométriose, sans connaître la cause de leurs symptômes, ni bénéficier d’une prise en charge adaptée. Pour ces femmes, la douleur et l’infertilité sont souvent les deux problèmes majeurs, mais l’endométriose affecte aussi leur vie quotidienne, leurs relations sociales et personnelles.

Comment diagnostiquer l’endométriose qui n’a ni signe clinique pathognomonique, ni marqueur biologique nécessaire et suffisant pour la caractériser. Le diagnostique est souvent fait tardivement, 4 à 11 ans après l’apparition des premiers symptômes. La définition  de l’endométriose est histologique, c’est la présence en dehors de l’utérus de lésions constituées de glandes endométriales, de stroma endométrial et/ou de macrophages chargés d’hémosidérine et son diagnostic est classiquement chirurgical. Selon leur localisation, les lésions sont superficielles et péritonéales ou profondes, mais parfois incertaines. Enfin, il n’existe que peu de corrélation entre la gravité et l’étendue des lésions et leur retentissement physique.

Cliniquement, la définition la plus exacte de l’endométriose serait une inflammation chronique, évoluant au cours du cycle menstruel, maladie systémique qui le plus souvent se manifeste par une douleur pelvienne.

A l’interrogatoire :

    - La douleur est chronique et cyclique, persistante ou progressive, parfois déjà ancienne. C’est le plus souvent une douleur menstruelle, une dysménorrhée, mais elle peut se produire en dehors de la période menstruelle (post-menstruelle, ovulatoire, etc). Les autres formes de la douleur liées à l’endométriose sont la dyspareunie superficielle ou profonde, la dyschésie et la dysurie. En cas de dysménorrhée due à l’endométriose, les traitements par AINS sont peu ou pas efficaces, contrairement à ce qu’on observe dans la dysménorrhée primitive.
    - Une notion d’infertilité peut être retrouvée dans les antécédents familiaux, voire une endométriose maternelle traitée avec succès !
    - Certaines caractéristiques du cycle menstruel sont plus fréquemment retrouvées chez les femmes ayant une endométriose : des pertes menstruelles abondantes, un saignement excessif et irrégulier, des caillots, des cycles irréguliers, des spottings, mais la plupart d’entres-elles ont des cycles réguliers, d’abondance normale.

L’examen clinique
peut permettre d’identifier une endométriose lors du toucher vaginal ou de la palpation bi-manuelle : palpation de nodules ou d’un épaississement sensibles des ligaments utéro-sacrés, de la paroi recto-vaginale, du cul de sac de Douglas, des annexes, du recto-sigmoïde, du mur postérieur de la vessie. L’examen en période de règles (ou à proximité) améliore les chances de détection. L’examen clinique n’est pas toujours possible chez les jeunes filles.

L’imagerie est nécessaire à la suite de l’examen clinique ou quand celui-ci n’est pas possible. L’échographie par voie vaginale, quand elle est possible, augmente la qualité de l’exploration, d’autant plus si elle est orientée par la clinique. L’échographie permet le diagnostic des endométriomes ovariens et plus ou moins de l’endométriose profonde.

L’IRM est aussi une option d’imagerie, mais elle est chère, elle manque de sensibilité et n’est pas universellement accessible.

La plupart des connaissances sur l’endométriose viennent de cas diagnostiqués chirurgicalement chez des femmes adultes. Il est nécessaire de développer des études prospectives chez les adolescentes, afin d’identifier les caractéristiques de l’endométriose dès son début, les facteurs de risque qui vont permettre son développement, et établir un pronostic thérapeutique. Il est important d’aider tous les cliniciens à reconnaître les signes qui doivent faire suspecter plus précocement cette pathologie.

Dr Catherine Vicariot

Référence
Agarwal SK et coll. : Clinical diagnosis of endometriosis: a call to action. Am J Obst Gynecol., 2019. 220(4):354.e1-354.e12. doi.org/10.1016/j.ajog.2018.12.039

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Encore l'endomètriose !

    Le 13 avril 2019

    On croirait que cette maladie a été decouverte l'an dernier - on ne parle plus que de cela
    on nous bannit nous nullots de gynecologues et tout le monde est pret à nous expliquer que cela existe et de nous dire ce que c'est
    détail : le premier congrés mondial sur l'endométriose a eu lieu en 1986 à Clermont Ferrand.

    J'ai publié la première recommandation de pris en charge en cas d'infertilité dans Human reproduction en 1996.

    Mais c'est tres mode (pardon trés In) de parler de l'endométriose.

    Pr JL Pouly (Clermont-Ferrand)

Réagir à cet article