Le rôle majeur des virus dans la genèse, la nature et les
manifestations de l’asthme dès la petite enfance a été rapporté par
le Dr Antoine Deschildre (pneumo-pédiatre allergologue, hôpital
Jeanne de Flandre, Lille). Les viroses les plus souvent incriminées
sont celles à rhinovirus (RV) et les infections sévères à VRS.
Selon les données de la cohorte néonatale COAST (1), le risque
d'être asthmatique à l'âge de 13 ans est beaucoup plus élevé chez
les enfants ayant eu, dans les 3 premières années de vie, au
moins une infection à RV (risque x 3), d'autant plus qu'ils ont
été sensibilisés aux aéroallergènes (x 8). Les virus sont les
principaux « déclencheurs » des exacerbations (dans 60 à 100 % des
cas selon les séries et l’âge de l’enfant) en particulier avec
les RV de sérotypes A et C (2). Or, nous sommes tous porteurs de
virus (1015 chez l'adulte) qui constituent le « virome » de nos
voies respiratoires (3). La prévalence de ce portage est élevée
chez les patients asthmatiques en état stable et asymptomatique (29
% pour le RV) ; mais il est presque aussi important chez les sujets
sains asymptomatiques (23 %) (2, 4).
On sait depuis peu que l'immunité antivirale innée des patients
souffrant d'asthme sévère est défectueuse, en particulier chez les
allergiques ; il s'agit d'un déficit de production en interféron
par les cellules épithéliales bronchiques (IFN β et γ), les macrophages alvéolaires (IFN γ, β et λ) et les cellules
dendritiques (IFN α) (5, 6). Des troubles des voies de
signalisation et de régulation ont aussi été mises en cause
(7).
La restauration des défenses antivirales devrait donc améliorer le
contrôle de l’asthme. L’étude PROSE (8) a montré que, chez de
jeunes patients souffrant d'asthme sévère, l'administration d'un
anticorps monoclonal recombinant anti-IgE (omalizumab) au moment de
la rentrée scolaire réduisait le nombre de périodes d'exacerbation
au cours de l'automne, et que ce bénéfice était corrélé à la
restauration de la production d’IFN par des cellules mononuclées
en présence de RV in vitro. D'autres stratégies préventives de
l'asthme chez les allergiques sont à l'étude, mais à ce jour, aucun
traitement n'est disponible.
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