
Le petit poids de naissance et l’âge gestationnel sont
considérés comme des facteurs de risque de syndrome métabolique et
de maladies cardiovasculaires, selon la théorie de la programmation
cardiovasculaire périnatale. Le risque cardiovasculaire et de
diabète de type 2 paraît établi, mais la relation avec la
prématurité en elle-même est moins nette. Il a été rapporté que les
adultes nés prématurément avaient une élévation de la pression
artérielle, mais les rapports avec les troubles du métabolisme du
glucose et des lipides et le risque d’obésité, par comparaison avec
les adultes nés à terme, sont moins bien assurés. Les travaux
publiés ont notamment fourni des résultats variables sur les
différentes composantes du syndrome métabolique.
Des pédiatres et épidémiologistes d’Athènes ont effectué une
revue systématique et une méta-analyse à partir des données de
PubMed jusqu’à mars 2018. La recherche a été conduite par deux
auteurs indépendants. Les publications devaient inclure des adultes
d’au moins 18 ans, nés avant 37 semaines de gestation, qui ont été
comparés à des adultes nés entre 37 et 42 semaines. Ces articles
ont évalué les composants du syndrome métabolique : paramètres
anthropométriques, pression artérielle y compris en enregistrement
continu, biomarqueurs de dysfonction vasculaire (dilatation de
l’artère dépendante du flux sanguin, épaisseur intima-media
carotidienne, vitesse de l’onde de pouls). Du point de vue
biochimique, les études devaient rapporter la glycémie et
l’insulinémie à jeun ainsi que le profil lipidique. Au total, 43
études ont été groupées, réunissant 18 295 adultes nés prématurés
(88 % d’hommes) et 294 063 nés à terme (96 % d’hommes). L’âge
gestationnel moyen des anciens prématurés était de 30,4 ± 3,4
semaines et l’âge moyen lors de l’évaluation de 19,4 ± 5,1 ans
(18-58 ans).
Plusieurs anomalies mises en évidence
Les adultes nés prématurés avaient une augmentation de la
masse grasse (p=0,03), de la pression artérielle systolique
(p<0,0001), de la pression artérielle diastolique (p<0,0001)
et des deux lors de l’enregistrement de 24 heures (p<0,001). Les
analyses ont aussi montré une élévation des glycémies à jeun
(p=0,01), des taux moyens d’insuline (différence moyenne : 16 % ;
p=0,002), des indices d’évaluation du modèle d’homéostasie de la
résistance à l’insuline (HOMA-r, différence moyenne : 24% ; p=0,05)
et des taux de cholestérol total (différence : 0,2 mmol/L ;
p=0,05).
Les autres paramètres étudiés (HDL-cholestérol,
LDL-cholestérol, triglycérides) n’ont pas révélé de différences
significatives entre les anciens prématurés et les adultes nés à
terme. Aucune différence selon le sexe n’a en revanche été mise en
évidence.
Pr Jean-Jacques Baudon