Au feu les pompiers : combien d’établissements de santé violent les normes incendie
Paris, le lundi 29 juillet 2019 – Régulièrement, la vétusté de
certains bâtiments hospitaliers fait la une des journaux, pour
illustrer le décalage entre une médecine dont la sophistication et
la technologie ne cessent de s’accroître et des conditions
d’accueil des patients dont la qualité paraît régresser. Parmi les
éléments prioritaires qui suscitent l’inquiétude : l’absence de
respect des normes incendie.
Des avis défavorables non recensés
C’est une question qui ne trouve pas de réponse aisément. Combien
d’hôpitaux, d’établissements accueillant des personnes âgées
dépendantes (EHPAD), de centres médico-sociaux ne répondent pas aux
réglementations en vigueur concernant la prévention des incendies ?
Interrogé sur ce sujet par le Journal du Dimanche, le ministère de
la Santé a indiqué : « Les mises en conformité de sécurité
incendie ne font pas l’objet de remontées centralisées ».
L’Association des maires de France se montre également ignorante
sur le sujet. Pour avoir quelques éléments d’appréciation, il faut
remontrer à un rapport de la Cour des Comptes de 2013 cité par le
Journal du Dimanche concernant les CHU, dont les données étaient
préoccupantes : 16 % des bâtiments des CHU avaient il y a six ans
reçu un avis défavorable de la commission de sécurité incendie.
Cependant, pour les établissements recevant du public et qui plus
est pour les hôpitaux, cet avis défavorable à la poursuite
d’exploitation n’entraîne que très rarement la fermeture, mais
plutôt des injonctions de mise aux normes.
De la fumée sans feu
Les hôpitaux et les établissements de santé qui sont les plus
susceptibles de présenter une non-conformité avec les normes en
vigueur (normes qui sont en outre régulièrement modifiées ce qui
accroît les difficultés) sont les grandes tours hospitalières
construites dans les années 70, dont les plus hauts étages sont
inaccessibles aux équipements des pompiers. De fait, dans son
reportage, le Journal du Dimanche épingle notamment le plus haut
bâtiment de l’hôpital de la Timone à Marseille ou encore l’hôpital
Bichat à Paris. Les défauts structurels de ces constructions qui
ont très mal résisté au temps (François Crémieux directeur général
adjoint de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris parle pour
Bichat « d’échec architectural ») sont accrus par des
dispositifs souvent défaillants : portes coupe-feu condamnées,
détecteurs de fumée non fonctionnels… Le plus souvent pour
compenser ces défauts qui nécessitent des travaux de grande ampleur
dans un contexte budgétaire contraint, la compensation consiste en
la mobilisation constante d’équipes de sécurité et de pompiers
renforcées. « Nous avons (…) une équipe de sécurité avec huit
personnes qui rodent 24h/24 à l’intérieur et à l’extérieur du
bâtiment. Par ailleurs, la plupart des incendies provient d’une
défaillance électrique et de ce côté-là nous sommes parfaitement
aux normes » veut ainsi rassurer le secrétaire général de
l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille, Pierre Pinzelli, qui a
répondu à La Provence. Au ministère de l’Intérieur on insiste d’une
manière plus générale sur le fait que « les conditions de
sécurité exigées en France sont les plus strictes qui soient (…).
Les établissements vraiment dangereux, il n’y en a plus ».
Didier Rémy, commandant de pompiers observe encore pour sa part que
les avis défavorables ne doivent pas être interprétés comme un
danger certain et/ou imminent mais comme la nécessité d’une
vigilance accrue.
Syndrome de la rue d’Aubagne
Cependant, les médecins des hôpitaux concernés se montrent souvent
inquiets si ce n’est fatalistes quant à la fragilité des
équipements de prévention. « Le jour où un incendie se déclare,
j'espère que je ne serai pas là, et mes patients non plus »
remarque un médecin de Bichat interrogé par le Journal du Dimanche.
A Marseille, c’est la technique habituelle de renvoyer à un projet
plus global l’heure des remises aux normes qui exaspère. Un
praticien évoque ainsi le syndrome de la rue d’Aubagne (nom de la
rue où un incendie a tué plusieurs personnes en novembre dernier).
« On nous dit : “Ne vous inquiétez pas, on prépare un projet
plus global”, exactement ce qui s'est passé rue d'Aubagne. Ici, la
vétusté des locaux et des éléments de sécurité sont toujours
renvoyés à un “on va le faire, mais on fera tout d'un coup“ : par
exemple, il n'y a pas d'intérêt à refaire des bouches d'aération si
on ne rénove pas le service entièrement. C'est désastreux et, quand
ça concerne la sécurité, un drame peut survenir ». De fait, à
La Timone la réponse des responsables consiste à évoquer un vaste
projet de modernisation en cours d’approbation pour un cout de 315
millions d’euros. En espérant qu’avant son déploiement, aucun drame
ne survienne.
Oserai-je en guise préambule... ? Bien sûr car comme l'a dit Audiard.... Citons cette anecdote très récente : La CARSAT de Dijon (service prévention) donne un avis défavorable à une caserne de pompiers toute neuve, toit plat, pas d'accès, pas d'antennes... Parapet obligatoire... 30 000 € de travaux. Site sensible, les pompiers sont mal équipés et irresponsables...
Les pompiers contrôlent la CARSAT... toit plat, des antennes, un accès... Seule protection, une chaînette en plastique.... Rien, la CARSAT ne fera rien... Ubu, Kafka... Alors hôpitaux vétustes, IGH parfaitement maîtrisés par les pompiers... Mais quel vrai risque autre que terroriste ?
Allez, tirons sur l'ambulance, les pompiers, sur tout ce qui bouge encore. C'est la mode.