Puberté tardive, un danger pour les os ?

Le pic de masse osseuse, valeur la plus élevée de la masse osseuse atteinte au cours de la vie, est le résultat de la croissance osseuse au cours de l’enfance, de la puberté, et de la consolidation osseuse chez l’adulte jeune. C’est un déterminant important du risque ultérieur de fracture et d’ostéoporose. Une augmentation de 10 % de la densité minérale osseuse (DMO) lors de ce pic retarderait de 13 ans la survenue d’une éventuelle ostéoporose.

Lors de la puberté, l’activation de l’axe gonadotrope, associée à celle de l’axe somatotrope, stimule la croissance osseuse. La chronologie de la puberté et le développement osseux sont avant tout sous la dépendance de facteurs héréditaires. Il a été montré qu’une puberté plus tardive était associée à une DMO plus faible chez les adolescents et les adultes, et à une augmentation ultérieure du risque ostéoporotique.

Afin de préciser l’impact de l’âge de la puberté sur l’acquisition de la masse osseuse, une étude réalisée à partir des données de l’Avon Longitudinal Study of Parents and Children, cohorte prospective initiée en 1991 dans le sud-ouest de l’Angleterre, a inclus plus de 6 000 enfants, autant de filles que de garçons. Entre 10 ans et 25 ans, jusqu’à six ostéodensitométries leur ont été faites, régulièrement à 10, 12, 14, 16,18 et 25 ans. Cette étude a analysé l’impact de l’âge de la puberté, déterminé à partir de l’âge du pic de croissance (APC), sur l’acquisition de la masse osseuse, mesurée par la variation de la DMO.

Un déficit en DMO qui persiste à l’âge adulte

L’âge moyen du pic de croissance a été de 11,6 (± 0,8) ans chez les filles et de 13,5 (± 0,9) ans chez les garçons. L’augmentation de la densité osseuse apparaît plus rapide et plus importante chez les garçons que chez les filles. Dans l’intervalle compris entre un an avant et deux ans après l’APC, la DMO a augmenté en moyenne de 0,139 g/cm2/an chez les garçons et de 0,106 g/cm2/an chez les filles.

Plus l’APC a été tardif, plus l’augmentation de la DMO a été rapide ; elle était maximale entre 14 et 16 ans, tant chez les garçons (+0,013 g/cm2/an) que chez les filles (+0,014 g/cm2/an). Elle était plus importante chez les garçons que chez les filles entre 16 et 18 ans et a diminué chez les garçons comme chez les filles entre 18 et 25 ans.

Malgré l’accélération du gain de DMO quand la puberté est plus tardive, la DMO est restée plus basse de 0,050 g/cm2 à l’âge de 14 ans et de 0,047 g/cm2 à l’âge de 25 ans chez les garçons, et de 0,044 g/cm2 à l’âge de 14 ans et de 0,034 g/cm2 à l’âge de 25 ans chez les filles.

Ce déficit de DMO, qui persiste à l’âge adulte, a été retrouvé sur les sites préférentiels des fractures ostéoporotiques (rachis et fémur). La poursuite de la surveillance permettrait de savoir comment ce risque évolue au fil du temps.

Par ailleurs, on sait que chez les jeunes adultes une puberté plus tardive s’associe aussi à une altération de la microstructure osseuse et une diminution de la résistance de l’os.

Ces résultats devraient encourager les jeunes femmes qui ont été réglées plus tardivement à avoir une activité physique adaptée et une alimentation riche en protéines, en calcium, et en vitamine D afin demaintenir leur capital osseux.

Dr Catherine Vicariot

Référence
Elhakeem A, Frysz M, Tilling K et coll. : Association Between Age at Puberty and Bone Accrual From 10 to 25 Years of Age. JAMA Network Open. 2019; 2(8):e198918. doi:10.1001/jamanetworkopen.2019.8918.

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