
L’OMS a désigné en 2019 la défiance à l’égard des vaccins
comme l’une des 10 plus grandes menaces pour la Santé dans le
monde. Or la France détient le record mondial de l’hésitation
vaccinale puisque 4 français sur 10 (3 fois plus que la moyenne
mondiale) estiment que les vaccins ne sont pas sûrs. Depuis
l’obligation vaccinale de janvier 2018, les retours semblent plutôt
positifs avec une augmentation de la couverture vaccinale, y
compris pour le HPV. Devant une hésitation vaccinale parentale, la
tentation du professionnel de santé est d’expliquer les bénéfices
scientifiques de la vaccination. Mais on sait que l’acceptation de
la vaccination ne repose pas seulement sur les faits et la
connaissance, mais sur la confiance dans la source d’information.
Souvent pressé de convaincre, on peut être amené à délivrer
d’emblée une information non ciblée, donc inadaptée, ou de répondre
à la peur par la peur, au lieu d’écouter le patient avant de le
guider dans son processus de décision. On ne peut se passer de ce
temps d’écoute. Il est bien préférable, avec empathie, d’explorer
les croyances et attitudes ambivalentes du patient en respectant
son autonomie, c’est l’entretien motivationnel. Celui-ci nécessite
de prendre son temps et plusieurs consultations peuvent être
nécessaires. Le praticien sera attentif à aborder de préférence le
parent hésitant avec des questions ouvertes, à le valoriser et à
pratiquer une écoute réflective (reprise plus élaborée des propos
du patient). Enfin, un résumé final permettra de reprendre
l’essentiel des échanges. Et ce n’est seulement qu’ensuite que les
normes et les référents peuvent être utilisés pour convaincre. Une
information ciblée peut aussi être délivrée si le patient est
demandeur. L’implémentation d’intention (aider à s’imaginer où,
quand et comment sera réalisé l’acte de vaccination) a montré son
efficacité pour améliorer les comportements d’adhésion des
patients.
Dr Catherine Azoulay