
Paris, le mercredi 11 septembre 2019 – La DREES (Direction de
la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques)
publie son rapport annuel sur la consommation de soins et de biens
médicaux (CSBM) en 2018. Elle s’élève à 203,5 milliards d’euros (+
1,5 % vs + 1,7 % en 2018).
La principale donnée de cette édition concerne la diminution
de la participation des ménages au financement de la CSBM, encore
appelée "reste à charge" (RAC) : elle est évaluée à 14,3 milliards
d’euros, soit 7,0 % de la CSBM ou encore 214 euros par habitant par
an (vs 7,5 % en 2017 et 9,2 % en 2009).
Pour expliquer ce phénomène, la DREES observe que « depuis
dix ans, ce reste à charge diminue, du fait de facteurs structurels
tels que le vieillissement de la population, la forte progression
des effectifs de personnes exonérées de ticket modérateur au titre
des affections de longue durée (…) ou encore la modification de la
structure de soins des patients en ALD (…) mais aussi par des
mesures de régulation de la dépense en santé (mécanismes de
modération des dépassements d’honoraires par exemple)
».
Pas un mot sur la hausse des cotisations des complémentaires…
Mais cette baisse du RAC pourrait bien être en partie un
mirage.
La DREES rappelle bien que « le RAC des ménages en santé
correspond au montant de la consommation de soins et de biens
médicaux (CSBM) qu’ils acquittent en propre après intervention de
l’Assurance maladie et des organismes complémentaire (OC). Il ne
tient pas compte des cotisations aux régimes de base et
complémentaires ». Or, la hausse des cotisations dues aux
organismes complémentaires se poursuit.
Ainsi, ces tarifs augmentent, chaque année, de 2 à 4 % pour
les contrats individuels et de 3 à 5 % pour les contrats
collectifs.
Une croissance qui selon les prévisions va s’accélérer dans
les années à venir avec la réforme du "100 % santé" en dentaire,
optique et prothèse auditive.
…ni sur la baisse de la qualité
Plusieurs économistes assurent en outre que cette diminution
du reste à charge (on l’a vu en trompe l’œil) s’accompagne
d’une baisse de la qualité des soins et des services.
Ainsi, beaucoup parmi les lunettiers estiment que cette
diminution du reste à charge et bientôt le 100 % santé favorisent
les lunettes à bas coût. Même son de cloche concernant les soins
dentaires : la Fédération des syndicats dentaires libéraux affirme
qu’avec ces diminutions successives du RAC, les patients reçoivent
de plus en plus fréquemment des prothèses de mauvaise qualité. Son
président parle même d'une « céramique de lavabo » avec
l’avènement du 100 % santé : « le "panier zéro", clairement,
c'est la prothèse de qualité CMU pour tous les assurés. On est face
à cette problématique d'offrir un maximum de prothèses au détriment
de la qualité ».
Enfin, les audioprothésistes redoutent eux aussi que les
baisses du RAC soient « financièrement intenables à court
terme » pour ce secteur.
F.H.