
Paris, le jeudi 12 septembre 2019 - Les cinq syndicats
représentatifs des médecins libéraux* se sont réunis hier matin
pour « examiner l'impact du projet de réforme des retraites sur
les médecins libéraux et celui du mode de recouvrement de leurs
cotisations qui serait fait par l'URSSAF à la place de la CARMF
».
Unisson
Une fois n’est pas coutume, ces organisations sont ressorties
de leur discussion en affichant un front uni.
S’ils n’apparaissent pas totalement opposés à toute réforme
puisqu’ils demandent, qu’à l’avenir, les médecins libéraux aient «
la place qui leur est due dans la gouvernance du régime
universel projeté », les positions qu’ils défendront désormais
à l’unisson semblent en contradiction totale avec le rapport
Delevoye.
Ils réclament ainsi que « les droits acquis » soient «
respectés à l’euro près » que « le rapport
cotisations/prestations » soit « dans tous les cas (…)
préservé afin de pouvoir maintenir le niveau de retraite actuel
pour les générations à venir » que « les réserves
constituées dans le régime complémentaire par les surcotisations
des médecins » soient « exclusivement consacrées à la
sécurisation du niveau de leur retraite et réservées aux
médecins ».
Ils demandent également qu’aucune « modification du circuit
du recouvrement des cotisations » ne précède la
réforme.
Ils appellent enfin au maintien des « missions sociales de
la CARMF (…) au bénéfice de la solidarité intra professionnelle
» et que la réforme respecte « les bases du contrat
conventionnel qui comporte l’avantage social vieillesse (ASV)
».
Ces organisations ont d’ores et déjà défendu ces
revendications auprès de la Direction de la sécurité sociale et
promettent de faire de même « lors des prochaines rencontres
avec le Haut Commissariat à la Réforme des Retraites ».
En revanche, des dissensions demeurent quant à la forme que
doit prendre la contestation et seule la FMF (Fédération des
médecins de France) appelle à rejoindre la mobilisation du 16
septembre.
Ces revendications sont proches de celles exprimées par
l’UNAPL (Union nationale des professions libérale) et rejoignent
celles d’un collectif nouvellement constitué composé
d’organisations représentant seize professions libérales : SOS
retraites.
Ce dernier a présenté ses attentes, hier. Christiane
Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, à
l’origine de ce mouvement a rappelé, une nouvelle fois, dans le
journal Capital les raisons de la grogne « que ce soit le
salarié ou le fonctionnaire, 60% de sa cotisation est pris en
charge par l’employeur public ou privé. Un libéral doit en régler
100%. Cette inégalité doit être soulignée. Dans ses préconisations,
Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites,
prévoit de doubler notre taux de cotisation. Nous sommes
actuellement à 14% et l’on veut nous passer à plus de 28% jusqu’à
40 000 euros de revenus annuels. Quelle profession peut vivre avec
14% de plus de charge avant impôt ! Avec cette réforme, nous allons
cotiser deux fois plus pour, au final, voir notre pension
baisser ».
Ne pas confondre fronde et conservatisme
Elle répond également aux accusations de conservatisme, dans
un discours qui concerne les avocats, mais qui pourrait très bien
s’appliquer aux médecins. Elle explique : « Notre caisse
autonome pour la retraite de base comme complémentaire a été créée
il y a 50 ans et depuis nous avons été impeccables dans sa gestion.
Aujourd’hui, nous disposons de deux milliards d’euros de réserves
et nous pouvons garantir 60 ans de pension. Cette bonne gestion
nous permet de disposer également d’un régime de prévoyance et d’un
régime d’aide sociale. Je ne comprends pas pourquoi, plutôt que de
se caler sur notre régime qui a fait ses preuves, on nous le
détricote pour nous faire venir dans un régime qui ne va pas
bien ».
Pour l’avenir, Christiane Féral-Schuhl promet : « le
collectif SOS retraites, qui regroupe notamment les médecins, les
kinésithérapeutes, les infirmiers ou encore les pilotes de ligne,
est informel. Nous avons décidé de nous mobiliser ensemble car nous
avons l’impression que nous ne sommes pas entendus. Nous avons
rencontré sur ce sujet la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et
nous attendons un rendez-vous avec le haut-commissaire. Nous sommes
aussi en discussion avec les députés pour faire entendre notre
position en vue du débat sur le futur projet de loi
».
Alors que de toute part, la future réforme attise les
inquiétudes, le premier ministre a ce matin précisé devant le
Conseil économique et social : « une telle réforme ne peut être
acceptée que si elle respecte les droits acquis et prend en compte
les aspirations légitimes (…). Nous sommes décidés à prendre tout
le temps nécessaire, en travaillant avec méthode (…) Le nouveau
système ne s’appliquera entièrement qu’à partir de 2040 ». Des
déclarations dont il est difficile d’être certain qu’elles
conduiront à l’apaisement espéré.
*CSMF, FMF, Le Bloc, MG France,
SML
F.H.