
L’acquisition de bons choix alimentaires prévient diabète,
maladie cardio-vasculaire ou obésité. Mais qu’est-ce qu’un bon
nutriment ? Peut-on faire confiance aux applications proposées pour
guider notre choix ? Pour répondre à cette question, le site de
l’INSERM présente l’avis de trois chercheurs sous le titre : «
Peut-on laisser nos assiettes aux applis ? ».
Open food Facts, le bon élève
Plébiscité par les Français, choisi par d’autres pays
européens et soutenu notamment par l’OMS, le Nutriscore
simplifie l’achat en classant les aliments sur cinq degrés (du vert
au rouge) en fonction de la composition nutritionnelle : sucres,
sel, graisses saturées, calories, protéines, fibres, fruits,
légumes, oléagineux.
L’appli gratuite Open Food Facts, issue d’un projet
citoyen, intègre le Nutriscore (ce qui lui a permis d’être
labellisée par Santé publique France). Ce logiciel est l’élu de
Mathilde Touvier, directrice de l’EREN (équipe de recherche en
épidémiologie nutritionnelle qui coordonne la cohorte
NutriNet-Santé). Contrairement à Yuka, argue-t-elle, Open Food
Facts ne pondère pas ses notes en fonction d’additifs dont on
n’a pas la certitude qu’ils présentent, seuls ou associés, des
risques pour la santé.
« Truffées » de données erronées ou incomplètes, quand
elles n’inventent pas leur propre classement : c’est l’avis
de Nicole Darmon, nutritionniste directrice de recherche à l’INRA,
sur ces applis qui « individualisent le rapport à
l’alimentation, instillent de l’inquiétude, freinent la
spontanéité ». Aucune n’a sa faveur, Open Food Facts
comprise : le Nutriscore est jugé non pédagogique, peu performant
pour les aliments "intermédiaires", dangereux (il n’explique pas
pourquoi c’est bon ou mauvais) voire incitatif pour les industriels
à s’orienter vers des produits allégés qui n’apportent rien. Et de
rappeler un avis de l’Anses (2008) doutant de l’efficience d’une
combinaison de critères positifs et négatifs en une seule
note.
Rapport de force
Dr Blandine Esquerre