Une femme médecin sur six affirme avoir été victime de harcèlement sexuel
Paris, le 6 novembre 2019 - Medscape a publié ce mardi un
sondage réalisé auprès de plus de 1 000 médecins dans lequel 16 %
des femmes interrogés affirme avoir été victime de harcèlement
sexuel au travail au cours des six dernières années.
Alors que le monde du cinéma est depuis plusieurs années
régulièrement secouée par des scandales d’agressions ou de
harcèlement sexuel, il ne faut pas occulter le fait que la question
de la prédation sexuelle concerne tous les milieux professionnels
et socio-économiques. Dans une enquête réalisée par l’Ifop en 2014,
20 % des femmes actives affirmaient avoir été victimes de
harcèlement sexuel au travail. Qu’en est-il dans le milieu médical
? Medscape publie ce mardi un sondage sur la question réalisée
auprès de 1007 médecins. 16 % des femmes interrogés (contre 2 % des
hommes) affirment avoir été victime de harcèlement sexuel au
travail.
Dans la plupart des cas, le harcèlement prend la forme de
remarques sexistes ou de commentaires déplacés sur le physique, de
propositions explicites ou de contacts inappropriés. Environ 5 %
des victimes de harcèlement disent s’être vu offert une promotion
en échange de relations sexuelles ou à l’inverse menacé de
représailles en cas de refus.
71% des victimes ne dénoncent pas leur harceleur
Toujours selon ce sondage, un médecin a six fois plus de
chance d’être agressé par un patient que par un collègue. Les
victimes sont généralement des jeunes étudiantes qui se trouvent
dans une situation de subordination particulièrement propice à ce
genre d’actes. Une pédiatre résume ainsi la situation : «
personnellement j’ai eu la paix depuis que j’ai atteint l’âge
d’environ 55 ans ».
Constat inquiétant, 71 % des victimes disent n’avoir pas
dénoncé leur harceleur, que ce soit à leur hiérarchie ou à la
police. Pour expliquer ce silence, les médecins expliquent qu’ils
estiment que les auteurs d’harcèlement jouissent généralement d’une
certaine impunité. Ils régneraient en effet dans certains services
un climat sexiste qui conduit à considérer ces comportements comme
normaux, y compris quand ils tombent sous le coup de la loi. «
C’est une situation parfaitement habituelle, nous sommes
tellement habitués que nous ne réagissons pratiquement pas »
résume une oncologue.
Libérer la parole
Fait plus rare, les sondeurs ont également interrogé des
médecins accusés de harcèlement, soit 1 % des sondés. Beaucoup
dénoncent des malentendus, une montée du "politiquement correct"
lié à une « américanisation » de la société. Selon eux, il
est de plus en plus difficile de faire la distinction entre
harcèlement, séduction et la grivoiserie propre à l’esprit carabin.
A ce titre, on peut se demander si une demande de « rendez-vous
galant » constitue bien un cas de harcèlement, comme l’affirme
l’étude.
Fin 2017, dans le rouage des mouvements "me too" et "balance ton
porc", le Conseil de l’Ordre des médecins publiait des
recommandations pour lutter contre le harcèlement sexuel basé sur
trois principes : transparence (via un meilleur accompagnement des
victimes), prévention (en formant les étudiants à cette
problématique), sanction (par les chambres disciplinaires). Les
victimes appellent avant tout à libérer la parole afin de briser
l’omerta sur le harcèlement sexuel à l’hôpital. En 2017, le
ministre de la santé Agnès Buzyn avait ainsi dénoncé le harcèlement
dont elle avait été victime quand elle était étudiante.
Cet article a-t-il un intérêt ? Le politiquement correct est assez récent et comme le disait Beaumarchais, on ne jugera jamais bien des hommes si on ne leur passe les préjugés de leur temps.
J'ai moi-même été harcelé lors de mes études de médecine et plus tard lors de mon exercice par des consœurs et des patientes. Il s'agissait d'harcèlement puisque ces femmes ne m'attiraient absolument pas. Je sais, ça ne se dit pas. Et par ailleurs, Brad Pitt, di Caprio et autres Clooney n'ont jamais été accusés et ne le seront que lorsqu'ils seront vieux ou dépassés. On peut raisonnablement y voir, dans les deux sens, une discrimination de la laideur humaine. Il est temps de créer une nouvelle phobie.