
Les préconisations concernant l’implantation prophylactique
d’un défibrillateur-cardioverseur (DEF-C) chez des patients
présentant une insuffisance cardiaque asymptomatique avec
altération de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG)
varient selon les différentes recommandations
internationales.
D’ailleurs, on dispose de peu d’informations sur la mortalité
et le risque inhérents à l’implantation préventive d’un matériel
permanent de ce type chez les patients en classe fonctionnelle I de
la New York Heart Association (NYHA).
C’est ce qui a poussé Van der Lingen et coll. à mener une
étude rétrospective afin d’évaluer, chez 572 patients en classe
NYHA I, avec une FEVG ≤ 35 %, qui avaient reçu, en prévention
primaire, un DEF-C (associé ou non à une resynchronisation
cardiaque), si l’appareil ainsi implanté délivrait un traitement
approprié (choc ou cardioversion) et s’il réduisait la
mortalité.
La cohorte des 572 patients a été comparée, par analyse de
régression de Cox, à une cohorte de patients en classe NYHA
II-III.
Davantage de chocs appropriés chez les patients en classe NYHA I
Au cours d’un suivi de 4,1 ± 2,4 ans, il a été noté
qu’un traitement approprié avait été délivré par le DEF-C, de façon
surprenante, significativement plus souvent chez les patients en
classe NYHA I que chez les patients en classe NYHA II-III : 33 % vs
20 % (hazard ratio [HR] 1,5 ; intervalle de confiance [IC] 95 % :
1,04 à 2,31 ; p = 0,03). A ce sujet, il est possible que les
patients asymptomatiques (en classe NYHA I) ne se sentant pas
limités dans leur activité, faisaient davantage d’efforts physique
ce qui les exposaient à un risque plus élevé de tachyarythmie
ventriculaire.
Il n’a pas été noté de différence du taux de mortalité entre
les 2 groupes de patients (HR 0,70 ; IC 95 % : 0,49 à 1,07 ; p =
0,10).
Les analyses multivariées de régression de Cox ont montré que
la classe NYHA était le plus puissant facteur prédictif indépendant
de la délivrance d’un traitement approprié par l’appareil
implanté.
Dr Robert Haïat