
Les praticiens hospitaliers refusent un probable recul social
Enfin, les médecins libéraux ne sont pas en reste. Reçus aujourd’hui par le Haut Commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, les syndicats sont toujours déterminés à faire entendre leurs revendications, afin de protéger la spécificité du système actuel. Les espoirs sont cependant ténus et deux organisations, la Fédération des médecins de France (FMF) et l’Union française pour une médecine libre (UFML) appellent déjà à la mobilisation le 3 février 2020.
De la neige en hiver
Néanmoins, en dépit de cette contestation partagée vis-à-vis de la réforme des retraites, jeudi, les professionnels de santé, notamment dans les hôpitaux seront surtout préoccupés par les difficultés d’accès à leur lieu de travail. En Ile de France, en particulier, beaucoup appréhendent la journée de jeudi, alors qu’ils sont également nombreux à devoir faire face à la fermeture des écoles de leurs enfants. Aussi, de nombreuses directions, et notamment au sein de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris ont déjà déployé différentes solutions, qui s’apparentent à la fois au cas par cas mais qui en même temps tentent de répondre à l’ensemble des difficultés prévisibles. Adaptant le "plan neige", les établissements prévoient ainsi que des chambres d’hôpitaux soient réservées et ouvertes aux personnels souhaitant demeurer sur place. « Il peut s’agir de chambres d’hôpitaux qui ne sont pas occupées ou fermées la nuit. Cela représente une capacité de 500 chambres ; on a aussi eu plusieurs propositions spontanées de médecins qui habitent dans Paris et qui accueillent des collègues en difficulté. Nous essayons de nous organiser équipe par équipe » précise Sylvain Ducroz, directeur des ressources humaines de l’AP-HP interrogé par France-Inter. L’AP-HP a également pris contact avec une chaîne hôtelière afin de faciliter les réservations. Parallèlement, elle a noué un partenariat avec une application de covoiturage : les bons samaritains devraient être récompensés en bons d’achats. Il existera également des dispositifs pour assurer la gratuité des parkings ou encore permettre le remboursement des Vélibs. Les responsables administratifs devraient pour leur part être autorisés à travailler à distance.Pourvu que ça ne dure pas
En dépit de cette préparation, certaines interventions ont déjà été déprogrammées (tandis que des patients pourraient eux aussi être dans l’incapacité de se rendre à leurs rendez-vous). « On a reporté un patient par chirurgien, du coup, on est à huit patients prévus pour la journée au lieu des douze normalement programmés » indique par exemple un cadre hospitalier parisien interrogé par l’Express. Les répercussions dans les jours qui suivent pourraient être importantes, d’autant plus si le mouvement se poursuivait. Si la préparation d’un plan de secours pour 24 ou 48 heures fait quasiment partie de la routine des établissements, des événements prolongés pourraient fortement fragiliser des organisations souvent déjà chancelantes.Aurélie Haroche