
Le taux de mortalité de la PAG est d'environ 2,7 à 7,5 %. La moitié des décès surviennent au cours des deux premières semaines mais la survenue d’une hypertension intra-abdominale nécessitant une décompression chirurgicale aggrave le taux de mortalité jusqu’à 50 %. La nécrose pancréatique infectée est associée à la mortalité et retarde la nécrosectomie dont il a été démontré qu'elle a un effet bénéfique sur la survie.
Les recommandations actuelles retardent les interventions invasives (drainage ou nécrosectomie transluminale endoscopique, peu invasive, ou nécrosectomie ouverte) dans la mesure du possible pendant quatre semaines après l'apparition des symptômes, afin que les coulées pancréatiques soient protégées.
D’où l’intérêt de cette étude monocentrique rétrospective sur 17 ans portant sur 435 patients qui a évalué la mortalité de la PAG et tenté d’identifier les facteurs de risque de décès.
Environ 80 % de survie à J90
357 patients (82,1 %) étaient en vie au 90ème jour de suivi, soient 306 patients (89,5 %) âgés de moins de 60 ans, 38 (60,3 %) de 60 à 69 ans et 13 (43,3 %) patients de plus de 69 ans. Les facteurs de risque indépendants de décès dans les 90 jours ont été l’âge : 60 à 69 ans (OR 5,1), plus de 69 ans (OR 10,4), le sexe féminin (OR 2,0), l’existence d’une cardiopathie (OR 2,9), une insuffisance hépatique chronique (OR 12,3), le traitement ouvert de l'abdomen (OR 4,4) et la nécrosectomie stérile (OR 14,7). La cause sous-jacente du décès après la période initiale de suivi de 90 jours était liée à l'alcool chez 48 patients (57,1 %), qui tous avaient présenté une PAG d’origine alcoolique.Un taux de survie inchangé malgré les recommandations récentes
La PAG peut donc être prise en charge avec un excellent taux de survie à 90 jours chez les patients jeunes et en bonne santé. La majorité des malades peuvent être pris en charge de façon non chirurgicale. Un traitement ouvert de l'abdomen et une nécrosectomie sans infection réelle dans les 4 premières semaines de la maladie augmentent le risque de décès.Les changements apportés ces dernières années aux recommandations relatives à la gestion de la PAG ont été pris en compte dans la présente étude. A été observée une évolution vers une nécrosectomie plus tardive et, au cours des années suivantes, la plupart des nécrosectomies ont été pratiquées en raison d'une infection. De plus, le traitement abdomen ouvert est devenu une pratique plus courante au cours des dernières années. Malgré ces changements dans la prise en charge, la survie ne s'est pas améliorée de manière significative
Mauvais pronostic à long terme chez les « jeunes » alcooliques
L'une des limites de cette étude est qu'un indice reflétant la gravité de la maladie, comme le score d'évaluation de l'insuffisance fonctionnelle des organes liés à la septicémie (SOFA), n'a pas été mesuré parmi les patients de la cohorte.Remarquons que contrairement à la plupart des études sur la PAG dans lesquelles l'étiologie biliaire était la plus courante, dans cette cohorte l'étiologie principale de la PAG était l'alcool, ce qui pourrait signifier que les résultats de survie à long terme pourraient ne pas être comparables à ceux des cohortes de causes différentes. Quoi qu’il en soit, la survie estimée à long terme est décevante même chez les patients jeunes en raison de l'abus d'alcool.
Dr Bernard-Alex Gaüzère