
Paris, le vendredi 20 décembre 2019 - Un rapport, rendu jeudi
au ministre de la santé, détaille la possible future architecture
du service d’accès aux soins (SAS) envisagé par Agnès Buzyn, dans
le cadre de son pacte de refondation des urgences. Ce document
marque un nouveau pas vers le numéro unique des urgences, bien que
l’avenue de Ségur se défende d’avoir déjà tranché…
Reprenant la définition gouvernementale, le SAS (Service
d’accès aux soins) est défini comme une « plateforme
téléphonique et en ligne, fonctionnant en liens étroits avec les
services de secours » fondé « sur un partenariat
équilibré » entre ville et hôpital.
Les usagers seraient assurés vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, sept jours sur sept, d’obtenir soit l’envoi d’un SMUR
(Service mobile d’urgence et de réanimation) soit un rendez-vous
avec un généraliste « le jour même ou dans les vingt-quatre
heures », soit une téléconsultation.
Modernité absolue (sic)
Les auteurs du rapport, le Pr Pierre Carli (Patron du SAMU de
Paris) et le Dr Thomas Mesnier (Urgentiste…et député LREM)
préconisent l’abandon du « 15 » et la mise en place du «
113 » comme numéro unique « totalement dédié à la
santé », le « 112 » devenant le numéro consacré aux
demandes de secours et de sécurité. Une solution d’une «
modernité absolue » estiment-ils, en toute modestie. Le
dispositif pourrait être lancé d’ici juin 2020 (comme l’avait
promis Agnès Buzyn en septembre…) sur des sites expérimentaux,
avant l’objectif d’être « pleinement opérationnel sur tout le
territoire d’ici à la fin du quinquennat ».
Des assistants de régulation médicale (ARM) assureraient, sous
la présence d’un « superviseur », un « décroché »
dans un délai maximal de trente secondes. Pour faire face à des
appels plus nombreux (évalués à environ 15 % supplémentaires), «
plusieurs centaines » de nouveaux ARM devraient être formés
et recrutés.
Les deux rapporteurs reconnaissent néanmoins qu’il est «
illusoire d'imaginer que le nombre de médecins volontaires sera
suffisant pour être présents au sein de la plateforme SAS 24
heures/24 ». C'est pourquoi ils préconisent le développement
d'une régulation « déportée » au sein des cabinets médicaux
« voire en dehors des heures ouvrables, du domicile de certains
médecins généralistes volontaires ».
Pour être en mesure de proposer un rendez-vous avec un médecin
dans les vingt-quatre heures (sous réserve de l’indisponibilité du
médecin traitant), un partenariat serait noué avec les plateformes
de prise de rendez-vous en ligne, dont la valeur ajoutée est jugée
« indéniable » par les auteurs. Le SAS serait «
cogouverné » par l'hôpital pour le volet aide médicale
urgente et par la médecine de ville via les CPTS pour les soins
ambulatoires non programmés. « Fondamentale », cette
cogouvernance sera « très probablement départementale ».
Cette « co gouvernance » ne rassure cependant pas les
libéraux.
Aussi, la CSMF a déjà souligné jeudi « son attachement à un
numéro d’identification tel que le 116 117, permettant de séparer
les appels pour les services d’urgence des demandes pour des soins
non programmés ».
X.B.