
Paris, le vendredi 31 janvier 2020 - L'Organisation mondiale de la santé (OMS), critiquée pour ses hésitations et soupçonnée d’être influencée par les injonctions de Pékin a finalement décidé, hier soir, de déclarer l’épidémie d’infections à 2019 n-CoV « urgence de santé publique internationale ». Cette décision intervient alors que le bilan épidémiologique est désormais de 9776 cas dans le monde (9658 en Chine) et de 213 décès (tous en Chine). L’OMS a néanmoins assuré : « il ne s'agit pas d'un vote de défiance à l'égard de la Chine ».
« Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles », a expliqué le patron de l’institution sanitaire internationale pour justifier son choix après consultation de son Comité d’urgence.
Sixième cas en France : un médecin libéral, premier contaminé sur le territoire national
En France, un sixième cas d'infection a été annoncé : celui d'un médecin libéral contaminé dans l’hexagone.
Il s'agit du « premier cas » de contamination sur le sol français a précisé la Direction générale de la santé (DGS). Rappelons qu’outre la Chine, des cas de contagion directe entre humains ont été observés au Vietnam, en Allemagne, au Japon et aux États-Unis.
Le médecin a été hospitalisé « en isolement » à Paris et « son état n'inspire pas d'inquiétude » a précisé le Pr Salomon, patron de la DGS.
Des vacances un peu particulières
Par ailleurs, quelques 200 Français rapatriés de Wuhan arrivent en France en début d’après-midi et seront mis à l'isolement dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet, une cité balnéaire proche de Marseille. Il s'agit de sujets qui ne présentent pas de symptômes. « Le cahier des charges était assez clair, [il fallait] un lieu agréable » et « un endroit où il y avait suffisamment de place » a expliqué le Pr Salomon. Selon lui, il n'était « pas question de mettre ces personnes dans des lieux de détention ou de soins alors qu'elles ne sont pas malades ».
Pendant leur période d'isolement, elles feront l'objet d'une surveillance médicale attentive pour s'assurer qu'elles ne sont pas contaminées par le virus : « on va leur demander de prendre leur température, d'avoir un masque ». Ce sont « des gens qui sont informés et qui ont parfaitement compris les enjeux de cette période particulière », a ajouté le Pr Salomon. Reste à savoir ce qu’il adviendra si un cas était identifié, une nouvelle période de quatorze jours d’isolement débuterait-elle alors ? Dans cette hypothèse, pas sur que tous les isolés acceptent de rester confinés pour une durée plus longue que prévue, d’autant que ce placement est susceptible de recours devant le tribunal administratif…
« Les gendarmes ont été positionnés pour éviter toute pénétration dans le site » a quant à elle fait savoir la préfecture.
Une révision de la définition des cas possibles
Dans le même temps, Santé publique France a annoncé une évolution de la définition des cas, peut-être inspirée par le défaut de repérage du cinquième patient qui avait pourtant prévenu le SAMU qu’il résidait habituellement dans la région de Wuhan.
Est désormais considérée comme cas possible « toute personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë basse, quelle que soit sa gravité, avec une fièvre supérieure à 38,0°C et ayant voyagé ou séjourné dans la province de Hubei en Chine dans les 14 jours précédant la date de début des signes cliniques » mais également « toute personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë haute ou basse, quelle que soit sa gravité, dans les 14 jours suivant l’une des expositions suivantes : un contact étroit avec un cas confirmé d’infection (…)pendant que ce dernier était symptomatique ; [ou avec une] personne co-exposée, définie comme ayant été soumise aux mêmes risques d’exposition qu’un cas confirmé ».
Enfin, les « contacts étroits » concernent le fait de vivre dans le même lieu de vie; d’entretenir des relations amoureuses ou d’amitiés proches, d’occuper la même classe ou le même bureau ou encore d’avoir emprunté les mêmes transports collectifs pendant une durée prolongée.
Dernière minute (17:42) : 2 des 200 passagers du vol de rapatriement Wuhan-Istres sont tombés malades durant le voyage et ont été mis à l’isolement et hospitalisé à Marseille à leur arrivée. L’agent pathogène responsable de leurs symptômes n’est pas encore identifié.
Xavier Bataille