
Pour beaucoup de médecins, Anthony Fauci est une légende. Ce
New yorkais, de 80 ans cette année, est entré en 1968 au
National Institute of Allergy and Infectious Diseases de
Bethesda et en est devenu directeur en 1984. Il y travaille
toujours et est à la tête du laboratoire d'immunologie. Au cours de
ces 5 décennies, il a conduit des travaux qui ont fait date,
d'abord sur plusieurs maladies auto-immunes puis sur le Sida et ont
donné lieu à plus de 1 000 publications internationales et à
d'innombrables communications dans de grands congrès
internationaux.
Aussi n'est-il pas étonnant que la rédaction du JIM se soit
penchée avec gourmandise sur le dernier article du maître paru en
ligne sur le JAMA, le 23 janvier 2020.
Dans ce court point de vue, il résume en quelques paragraphes
très clairs ce que nous savons sur les coronavirus pouvant infecter
l'homme. D'abord sur 4 d’entre eux (HCoV 229E, NL63, OC43 et HKU1)
qui endémiques seraient responsables de 30 à 60 % des infections
respiratoires hautes de l'adulte. Mais aussi sur les coronavirus
émergents, au pouvoir pathogène nettement plus préoccupant, que
sont le SARS-CoV détecté en 2002 en Chine (774 morts), le MERS -CoV
isolé en 2012 en Arabie Saoudite (858 morts) et le 2019-nCov
identifié en décembre 2019 toujours en Chine et à l'origine de
l'épidémie qui se propage aujourd'hui.
Le SARS et le MERS nous ont préparés au 2019-nCoV
Pour A Fauci, les épidémiologistes, les cliniciens et les
virologistes du monde entier, déjà confrontés au SARS et au MERS
ont pu se préparer au nouveau virus et leur riposte est beaucoup
plus rapide aujourd'hui. Il a en effet suffi de 10 jours entre la
détection des premiers cas de pneumopathie à Wuhan le 31 décembre
2019 et le séquençage complet du virus le 10 janvier 2020, quelques
jours de plus pour identifier son récepteur et commencer à préciser
sa période d'incubation, sa contagiosité et sa létalité. Si cette
dernière semble aujourd'hui plus faible que celle du SARS et du
MERS, il n'en va pas de même pour sa contagiosité et sa vitesse de
propagation.
Pour A Fauci, pour combattre ce nouveau coronavirus, qui est
responsable de bien plus qu'un simple rhume, nous pourrons
bénéficier des résultats des recherches conduites sur le SARS et le
MERS tant pour le diagnostic rapide que pour la mise au point de
traitements antiviraux (avec les pistes du remdesivir ou de
l'association lopinavir-ritonavir-interféron beta) que pour la mise
au point rapide de vaccins s'appuyant sur de nouvelles technologies
comme l'utilisation d'ARN messager.
Dr Anastasia Roublev