Fin décembre 2019, l’OMS était informée par les autorités chinoises
de cas groupés de pneumopathies. La majorité des patients avaient
fréquenté un marché local d’animaux vivants dans la ville de Wuhan.
Le 7 janvier 2020, le virus responsable était identifié : il
s’agissait d’un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2. Le 19
février 2020, selon les données de Santé Publique France(1), 75 192
cas étaient confirmés dans le monde, dont 74 185 en Chine et 12 en
France. Au total 2012 décès étaient dénombrés, dont 2004 en Chine
et 1 en France. Les premières descriptions cliniques publiées
concernaient les 41 premiers patients infectés à Wuhan et dans sa
périphérie. Elles étaient très alarmantes, avec une mortalité
atteignant 11 à 15 %. Les cas décrits par la suite dans les autres
provinces apparurent cliniquement différents.
Dans la province de Zhejiang
Le British Medical Journal publie les constatations
émanant d’une autre province chinoise, celle de Zhejiang. Les
données ont été recueillies entre le 10 et le 26 janvier 2020. Au
total, 62 patients (âge médian 42 ans) ont été hospitalisés avec
une infection à SARS-CoV-2 confirmée. Aucun de ces patients
n’avaient fréquenté le marché de Wuhan, source du virus et tous ont
été infectés par transmission d’homme à homme. Les modalités
précises de la transmission restent toutefois à
établir.
Les signes cliniques sont les mêmes que ceux constatés pour les
premiers cas de Wuhan, mais leur gravité est inférieure. En effet,
ici, un seul patient a été admis en soins intensifs pour détresse
respiratoire, et aucun n’est décédé durant l’étude. Cliniquement,
la maladie se manifeste initialement par de la fièvre (77 %), de la
toux (81 %), une expectoration (56 %), des céphalées (34 %), des
myalgies ou de la fatigue (52 %), de la diarrhée (8 %) et une
hémoptysie (3 %). Deux patients seulement présentaient une dyspnée
à l’admission. Il semble qu’en moyenne seulement 4 jours se soient
écoulés (de 3 à 5) entre l’exposition et les premiers symptômes, et
2 jours entre ceux-ci et l’hospitalisation. Les données biologiques
confirment la moindre gravité de ces cas avec moins de
perturbations du bilan rénal ou d’anomalies des taux de LDH et de
procalcitonine.
L’impact des campagnes d’information ?
Cette présentation moins sévère est sans doute le résultat des
campagnes d’information invitant les patients à consulter en cas de
toux, de fièvre ou de symptômes respiratoires. Les auteurs
précisent que les patients de cette cohorte, comme ceux de Wuhan,
ont reçu un traitement antiviral, mais le type de traitement varie
selon les patients. Moins de la moitié des patients de Zhejiang ont
reçu des antibiotiques. Le rôle des antiviraux, des antibiotiques
ou des stéroïdes sur le pronostic n’est pas établi.
Il s'est passé la même chose en 2009 avec le AH1N12009pdm (ex grippe mexicaine, puis grippe californienne, enfin grippe porcine pour ne froisser ni le Mexique ni la Californie). Par contre, ce vocable mal inspiré fait toujours peur à bien des gens, comme ceux qui refusent de consommer du suidé, qu'il soit sauvage ou d'élevage.
L'épicentre de la pandémie au A2009pdm a été marqué par des pneumonies rapidement mortelles d'un cluster de 10 à 20 jeunes américains employés dans une usine (Plant d'élévage-abattage-transformation de porcs) au Nord du Mexique, près de la frontière californienne. Les pneumonies virales invasives causées par des virus grippaux humains (tous passés par l'animal, oiseaux puis mammifères) sont observées depuis un siècle. La plus grave pandémie fut le fait de la grippe dite espagnole*avec ses deux vagues dont la deuxième fut plus mortifère après recombinaison. Il arrive encore que de banales grippes saisonnières aient le même effet. C'est fort heureusement très rare et presque réservé aux non-vaccinés. (*) Vous savez qu'elle n'avait pas son origine en Espagne. Cette fois, on a pris un nom désignant un pays qui n'avait pas assez d'arguments pour en discuter. Il y a des mots qui tuent!
JP Moreau, épidémiologiste en retraite
Coronavirus SARS cov2 et information
Le 22 février 2020
Le petit article du Dr Moreau est une pépite comme on aimerait en trouver plus souvent dans les flots d'info qui font suite à ce genre d'événements épidémiologiques. Merci !