Coronavirus : l’économie en réanimation

Paris, le mardi 17 mars 2020 – Parmi les nombreuses mesures annoncées par le Président de la République dans son allocution solennelle de lundi soir, beaucoup ont pour but de maintenir la vie du pays et d’aider les entreprises à surmonter la crise économique qui débute.
Alors que l’épidémie de coronavirus décline en Chine, ce pays peut commencer à faire le bilan économique de la crise sanitaire. La mise en quarantaine de plusieurs dizaines de millions de personnes a provoqué une baisse de la production industrielle de 13 %. Le pays, usine du monde, devrait donc bientôt entrer en récession. Ces données préfigurent la crise économique qui attend la France et l’Europe dont les populations entrent peu à peu en confinement généralisé.

Ce lundi, les dirigeants du G7 (réunis en visioconférence) ont assurés être « déterminés à faire tout ce qui est nécessaire pour restaurer la croissance mondiale » alors que le président américain Donald Trump a reconnu que le risque d’une récession de l’économie américaine était réel.

Encore optimiste, Bruno Lemaire évoque ce matin une prévision de baisse de 1 % du PIB.

Continuer à travailler…dans la mesure du possible

Dans son allocution télévisée historique de lundi soir, au cours de laquelle il a (sans le dire) annoncer le confinement général des Français, le Président de la République a aussi présenté une batterie de mesures économiques. Le premier objectif est de maintenir une activité a minima durant le confinement et le pic de la crise.

Le Président a donc demandé aux Français de continuer à travailler, dans la mesure du possible en télétravail. Une décision qui créé déjà quelques frictions. A Saint-Nazaire, les syndicats ont demandé la fermeture des chantiers de l’Atlantique, craignant la création d’un foyer d’épidémie. Ils jugent que leur travail n’est pas « socialement urgent » mais ont reçu une fin de non-recevoir de leur direction. A l’inverse, Michelin et PSA ont annoncé la fermeture de leurs usines partout en France (par manque de pièces détachées).

L’industrie agroalimentaire en première ligne

L’un des objectifs principaux du gouvernement est de maintenir le bon fonctionnement de l’industrie agro-alimentaire et d’éviter un manque de produits alimentaires, alors que de nombreux Français se ruent dans les supermarchés et font des stocks de provision. Les dirigeants des principales sociétés d’agroalimentaire, convoqués au ministère de l’économie ce dimanche, ont assuré qu’il n’existait aucun risque de pénurie et qu’ils pouvaient faire face à la situation.

Aucune mesure de rationnement ne devrait donc être mise en place, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni où certaines enseignes limitent les achats des consommateurs. Le transport alimentaire a été désigné comme activité prioritaire par le gouvernement. Tout sera donc mis en œuvre (comme on dit !) pour assurer le maintien de l’acheminement des produits alimentaires, avec une réponse coordonnée sur l’ensemble du pays. Les salariés de l’agroalimentaire seront ainsi parmi les personnes prioritaires pour obtenir des masques de protection (avec quel rang de priorité par rapport aux autres professions essentielles ?) Notons cependant que ces annonces optimistes sur la capacité de l’agroalimentaire à faire face datent d’avant la mise en confinement généralisé des Français. Il faudra donc attendre quelques jours pour connaitre la réalité de la situation.

La fin de l’austérité budgétaire

Au-delà de la réponse immédiate, le gouvernement veut tout faire pour aider les entreprises à surmonter la crise pour éviter une épidémie de dépôts de bilan et une crise économique majeure. Des mesures liées au chômage partiel et au report des échéances sociales et fiscales avaient déjà été annoncés, mais le Président de la République a pris de nouvelles décisions encore plus énergiques ce lundi soir.

Emmanuel Macron a notamment annoncé que l’État garantirait les prêts bancaires dont bénéficient les entreprises à hauteur de 300 milliards d’euros (!). Toutes les entreprises en difficulté pourront cesser de payer leur impôts et charges sociales. Les factures d’eau, de gaz et d’électricité ainsi que les loyers seront suspendus (cette mesure s’applique-t-elle aux cabinets ?). « Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite » a assuré le chef de l’État.

Toutes ces décisions devraient couter plusieurs dizaines de milliards d’euros, auquel devront sans doute s’ajouter un plan de relance à la sortie de l’épidémie. Les règles d’austérité budgétaire promus par les instances européennes pendant des années ont donc volé en éclats en quelques jours. C’est un changement de paradigme économique complet qui se profile. Le libéral Macron va devoir devenir dirigiste.

QH

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Et pour les médecins libéraux, quelles mesures?

    Le 18 mars 2020

    Tous les doutes sont permis sur un soutien de l'Etat qui nous encense et nous envoie au charbon viral les mains nues.
    Nous sommes les premiers exposés et les derniers protégés. Les bureaux de vote étaient équipés en masques, gants et gels alors que les médecins les attendent encore. L'Asie et les pays de l'Est désinfectent tout, la France rien et Paris vit avec ses colonies de rats.

    L'impréparation de l'Europe quant à une attaque bactériologique est confondante.

    Un enseignement : la nature met la science en échec.

    Dr Isabelle Gautier

Réagir à cet article