Covid-19 : la réponse législative s’organise

Paris, le jeudi 19 mars 2020 – Le Parlement, organisé en formation restreinte, va, à partir de ce jeudi, examiner le projet de loi de lutte contre l’épidémie de coronavirus. Principale disposition : la création d’un état d’urgence sanitaire.

« Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie, de jour comme de nuit » a déclaré le Président de la République dans son allocution historique de lundi soir. Alors que tous les Français sont appelés à prendre la mesure du danger et à lutter, à leur manière, contre l’épidémie, les institutions républicaines ont pour mission d’adapter notre droit à la situation sanitaire.

État d’urgence sanitaire

A partir d’aujourd’hui, le Parlement devra donc examiner le projet de loi d’urgence de lutte contre l’épidémie de covid-19, examinée en Conseil des ministres ce mercredi. La principale disposition de ce texte est la création d’un état d’urgence sanitaire, calquée sur l’état d’urgence « classique » qui avait été mis en place après les attentats de 2015.

En cas de « catastrophe sanitaire », l’état d’urgence pourra donc être décrétée en Conseil des ministres. Ce dispositif permettra au gouvernement de prendre, par décret, « des mesures générales limitant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion » et de procéder à des réquisitions. Il s’agit donc de faire entrer dans notre droit, de manière pérenne, les décisions qui sont déjà prises depuis quelques jours en France. Comme pour l’état d’urgence classique, la prolongation de l’état d’urgence sanitaire au-delà de 12 jours nécessitera un vote du Parlement.

Changement de paradigme budgétaire

Le projet de loi prévoit également d’habiliter le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures économiques, sociales et juridiques qui s’imposent : aides aux entreprises, report des loyers, prolongation des titres de séjours, adaptation de la procédure pénale et du droit du travail aux mesures de confinement etc.

La loi entérinera également la décision, prise ce lundi, de reporter le 2ème tour des élections municipales au mois de juin (la date exacte doit être fixée par décret). Sur ce point, plusieurs amendements ont déjà été déposés par des sénateurs pour que les résultats du 1er tour soit annulés, en tout cas dans les villes où aucune liste n’a obtenu la majorité absolue.

Enfin, un projet de loi de finances rectificative doit également être examiné, afin d’adapter le budget aux mesures de relance et à la baisse inévitable des recettes fiscales. Emmanuel Macron a d’ores et déjà évoqué un « changement de paradigme dans l’utilisation des deniers publics ». Le gouvernement espère que ces deux textes seront adoptés en un temps record d’ici la fin de la semaine.

Des séances publiques sans public

Les organes constitutionnels doivent également adapter leurs méthodes de travail à la situation. Le Conseil des ministres de mercredi s’est ainsi tenu en visioconférence, neufs ministres seulement étant présent à l’Elysée. Lors de la traditionnelle conférence de presse, seul une journaliste était présente et relayait les questions de ses confrères.

Le Parlement fonctionne quant à lui en « comité restreint » alors que 26 parlementaires et collaborateurs ont été testés positifs au SARS-CoV-2. Toutes les autres activités parlementaires ont été suspendues et les séances dites publiques ont lieu à huis clos. Seuls trois députés par groupes sont présents et les parlementaires doivent se tenir à au moins un mètre de distance. Lors de la séance de question au gouvernement de ce jeudi, les orateurs seront priés de quitter l’hémicycle dès leur réponse obtenue. 

En ces temps de crise, le Parlement n’oublie pas cependant sa mission de contrôle du gouvernement. Une mission d’information parlementaire a ainsi été créé, qui devra notamment évaluer la gestion de la crise. Si l’union sacrée est pour l’instant de mise, le gouvernement devra tôt ou tard rendre des comptes.

QH

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