
Rome, le jeudi 19 mars 2020 – L’Italie a déploré 475 morts ce
mercredi, soit le plus lourd bilan journalier pour un seul pays
depuis le début de l’épidémie (Chine comprise). Le confinement en
place depuis une semaine ne porte pas encore ses fruits.
« Andra tutto bene ». « Tout ira bien » répètent
les 60 millions d’Italiens placés en confinement depuis le 11 mars
dernier. Pourtant, les derniers chiffres ne poussent pas à
l’optimisme. 475 personnes sont mortes infectées par le coronavirus
ce mercredi, ce qui en fait jour le plus meurtrier pour un seul
pays depuis le début de la crise. Avec 2 978 morts au total,
l’Italie devrait très bientôt dépasser la Chine (3 200 morts), où
l’épidémie baisse nettement en intensité.
Vers un renforcement du confinement ?
Dans ces conditions, le Président du Conseil, Guiseppe Conte,
a annoncé que le confinement, prévu au départ pour durer jusqu’au 3
avril, serait sans doute prolongé. Il a averti ses concitoyens que
le retour à la normale prendrait sans doute des semaines voir des
mois et les appelle à respecter scrupuleusement les mesures de
confinement. « Nous devons faire preuve de bon sens et agir avec
la plus grande conscience » a-t-il rappelé.
Certains responsables politiques demandent d’ailleurs que le
dispositif soit renforcé. Ils proposent notamment de supprimer
l’autorisation de sortir faire du sport et souhaitent que les
téléphones des Italiens soient tracés pour savoir quand ils sortent
de chez eux (une mesure aisément contournable en laissant son
téléphone à la maison !).
Bataille d’épidémiologistes
L’optimisme était pourtant de mise il y a encore quelques
jours, alors que le nombre de morts quotidien semblait stagner
autour de 350. Ce lundi, Attilio Fontana, gouverneur de la région
Lombardie, annonçait également un infléchissement de la courbe des
cas. Mais ces chiffres sont ininterprétables puisque l’Italie
semble avoir décidé de ne tester que les patients les plus
graves.
L’université de Gênes affirme aujourd’hui que le pic de
l’épidémie sera atteint le 24 mars et que la sur-saturation des
hôpitaux aura lieu quelques jours après. Mais d’autres
épidémiologistes contestent cette analyse, rappelant que l’épidémie
touche différemment les régions d’Italie : alors qu’elle semblerait
proche du pic dans le nord de l’Italie, elle ne fait que commencer
dans le sud. « Ceux qui disent que nous aurons une déviation de
la courbe des cas après le 25 mars, le 6 avril ou le 16 mai
disposent d’une boule de cristal » résume Pierluigi Lopalco,
épidémiologiste à l’université de Pise.
L’Italie aujourd’hui, la France dans 9 jours ?
En Lombardie, région la plus touchée (70 % des morts
italiens), la situation devient critique. Les hôpitaux sont
surchargés et les médecins sont désormais contraint de choisir
quels patients doivent être réanimés. A Bergame, où 385 personnes
ont trouvé la mort en une semaine, les services funéraires
n’arrivent plus à faire face.
Ces mauvaises nouvelles ne remettent en tout cas pas en cause
le choix du confinement fait par l’Italie. Le directeur régional de
l’OMS, Hans Kluge, a ainsi affirmé que « les pays de l’UE
doivent prendre exemple sur l’Italie et adopter des mesures
ambitieuses face au coronavirus ». Il a notamment rappelé que
le confinement commençait à porter ses fruits à Codogno, ville
lombarde de 16 000 habitants la première touchée par le virus, où
la quarantaine a été initiée dès le 23 février.
QH