Ceux qui croyaient au confinement, ceux qui n’y croyaient pas
Paris, le samedi 21 mars 2020 - Les jours se suivent et se
ressemblent. On égrène désormais quotidiennement, comme sur un
champ de bataille, le nombre de morts et de cas « graves
».
Selon les données dont nous disposions à 15 heures, on
dénombrait dans le monde 286 664 cas d’infection par le SARS-CoV-2
confirmés par PCR, 11 888 décès et 8 117 patients en réanimation.
En France, selon les dernières statistiques présentées hier soir
par le Pr Jérôme Salomon, on comptait 12 612 sujets atteints
(confirmés par PCR) dont 450 décès et 1297 patients actuellement en
soins intensifs.
Dans cette « guerre », comme l’a qualifiée Emmanuel
Macron, peu d’armes hormis les gestes barrières, la réanimation et
le confinement. Ce dernier s’impose un peu partout et on
estime désormais à 1 milliard le nombre de personnes dans le monde
qui vivent sous ce régime !
Le confinement, seule façon de casser la courbe ?
A ce sujet, le président du conseil scientifique du Président
de la République, l’infectiologue et éthicien Jean-François
Delfraissy estime, ce matin, dans Le Monde que « dans
l'état actuel des ressources [le confinement] est la seule façon de
casser la courbe de l'épidémie et d'éviter que le système de soins
explose en vol. Ce n'est pas la meilleure des solutions mais c'est
la moins mauvaise ».
Mais, si la plupart des médecins, des scientifiques et des
chefs de gouvernement partagent ce point de vue, d’autres font
encore entendre une opinion différente.
Ainsi en Grande-Bretagne, le Premier ministre, Boris Johnson a
dit compter sur « l’immunité collective » pour résoudre la
crise. Mais l’esprit d’indépendance de la perfide Albion semble
fragilisé et des premiers signes de fléchissement se sont fait
jour, le pays s’est ainsi résolu à fermer ses écoles.
Autre nation qui ne croit pas à la stratégie du confinement :
la Suède. Le pays scandinave, pourtant fervent défenseur du
principe de précaution, recommande uniquement aux personnes de plus
de 70 ans de rester chez elles et aux salariés qui le peuvent de
télétravailler.
Seules mesures coercitives mises en œuvre : les rassemblements
de plus de 500 personnes sont prohibés. Idem aux Pays-Bas, où le
gouvernement se refuse à entrer dans la logique du
confinement.
Ces deux pays estiment en premier lieu que la fermeture des
écoles est contre-productive alors que les enfants semblent peu ou
pas touchés par la maladie. En deuxième lieu ils font valoir que la
meilleure stratégie contre l’épidémie est d’atteindre le seuil de
l’immunité grégaire. Enfin et surtout comme la Corée du sud ou le
Japon, ils misent sur une politique proactive de tests qui
permettrait de n’isoler que les patients positifs pour le
SARS-CoV-2.
En outre, le Premier ministre Néerlandais a expliqué qu’il
n’était pas question de décréter un confinement total, qui
risquerait de faire renaître « immédiatement » l’épidémie
dès que la mesure ne serait plus en vigueur.
En France, une voix dissonante, à Marseille, reste
tonitruante. Celle du Pr Didier Raoult, qui dans les colonnes de la
Provence refait part de son opposition au confinement et au
reste du comité scientifique présidentiel (auquel il appartient
!).
10 000 morts de Covid en France ? « Ça m’étonnerait
»
Pour justifier sa position, il appelle, une nouvelle fois à
relativiser.
« Toutes les situations doivent être mises en perspective
(…) Il y a dans le monde 2,6 millions de morts d'infections
respiratoires par an (…) là, on en est à moins de 500 en France. On
va voir si on arrive à 10 000, mais ça m'étonnerait. Je confronte
en permanence les causes de mortalité dans toute la région à cette
espèce de soufflet anxiogène qui monte : pour l'instant, on a plus
de chance de mourir d'autres choses que du Covid-19. Le grand âge,
les comorbidités et la prise en charge tardive sont des facteurs de
mortalité. C'est peut-être inentendable, mais c'est la réalité. La
seule chose qui m'intéresse ce sont les données brutes. Les données
vont rester, les opinions, elles, changent ».
Étonnamment, la mise en place d’un hôpital militaire de
campagne dans le grand Est ne l’alerte pas : « je suis
scientifique, c'est ce qui manque dans ce pays (…). Il n'y a que la
presse qui parle de ce qui se passe dans l'Est (…). Pour l'Italie
(…), c'est comme ailleurs, ce sont des gens de plus de 75 ans (qui
meurent). Les Japonais ont fait un très beau modèle expérimental en
confinant les croisiéristes assez âgés sur le Diamond Princess (…)
en dépit d'une population très fragile, il n'y en a eu que 1 % qui
sont morts. C'est la réalité observée. Quand il y aura 1 000 morts
dans l'Est, je dirai oui, c'est grave ».
Il poursuit enfin son entretien sur les résultats
préliminaires selon lui très encourageants de son étude sur
l’hydroxychloroquine qui devraient à son sens justifier une
politique de dépistage de masse et de traitement. Un enthousiasme
que partage aussi le Président américain Donald Trump qui a promis
que les patients américains bénéficieraient rapidement de ce
médicament.
Mais les propos du Pr Raoult risquent de mal passer en
particulier auprès des professionnels du grand âge. Ainsi, ce matin
même dans un courrier adressé au ministre de la Santé des
directeurs d’établissements pour personnes âgées dépendantes
(EHPAD) expliquent redouter la mort de 100 000 personnes âgées dans
leurs structures…
Je pense que les médecins devraient soutenir activement le principe de dépistage étendu des COVID 19 + afin d'isoler de façon intelligente tous les patients atteints comme dans les pays qui l'ont fait avec des résultats efficaces (Corée...).
D'autre part, sans doute faudrait il essayer de traiter largement et précocement avec la chloroquine, médicament connu depuis des décennies, par exemple, si les spécialistes, comme le Professeur Raoult le préconisent. On sauvera peut être alors les patients "sauvables"de toutes les tranches d'âge Chacun son job et ses compétences...et on avancera de façon moderne.
Dr Catherine Celarier Champion
Sulfureux personnage
Le 21 mars 2020
Quand je vois ce qu'il a pu dire sur les vaccins, j'ai du mal à écouter Mr Raoult... même si (comme pour les vaccins), il y a des choses logiques et sensées dans son discours (tester et tester, notamment les gens les plus à risque de transmettre). Ce qui est sur c'est que le buzz est là : tout le monde me demande ce que je pense de la chloroquine ! Moi qui ne suis que spécialiste des vaccins et du voyage ... je connais la nivaquine comme ça, et le plaquenil pas plus que ça.
Que sait-on sur l'étude chinoise exactement ?
Dr Blandine Courtot
Une dissonance provinciale qui fait du bruit
Le 22 mars 2020
Les parisiens ont dû changer d'opinion et accepter le point de vue du Pr Raoult car le ministre de la santé a décidé d'aller vers plus de tests ! Et comme l'a très bien dit le Pr Raoult, soyons médecin avec d'abord un diagnostic (biologique) puis un traitement; le confinement étant digne du XIX siècle, lequel permettait une diffusion circonscrite au seul foyer isolé, mais dans tout le foyer. Une arme à double tranchant, puisque le confinement vendu, permet d'enfermer des porteurs sains avec des sujets indemnes. Il serait surprenant que ceci, limite le nombre de sujets atteints... surtout avec un virus qui est maintenant, partout, en France.
Et si le Pr Raoult est dans le comité d'expert, c'est que, vu la notoriété internationale en infectiologie du médecin, nos politiques ne pouvaient le mettre sur la touche...et pouvaient mieux le contrôler.
Quant au discours politique médiatisé français, il a crée de très fortes angoisses. Heureux de voir que d'autres pays, ont adopté des politiques différentes, et qui sont probablement moins anxiogènes.