
Paris, le lundi 23 mars 2020 – Alors que les études visant à
déterminer l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le
coronavirus se multiplient en France et dans le monde, les centres
régionaux de pharmacovigilance alertent les professionnels de santé
sur les effets secondaires de ce médicament.
Ce samedi, le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé que
l’utilisation de la chloroquine contre le coronavirus sera
expérimentée « à plus large échelle ». Plusieurs hôpitaux
français ont ainsi été autorisés à utiliser cet antipaludéen et son
dérivé, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), sur leurs
patients.
Des études menées en France et dans le monde
Après quelques réticences, l’Inserm a également accepté
d’intégrer un bras chloroquine dans son étude européenne lancée ce
dimanche et qui vise à comparer l’efficacité de plusieurs
traitements contre le Covid-19. D’autres pays, notamment les
Etats-Unis, où le président Donald Trump ne jure désormais que par
la chloroquine, s’apprêtent également à tester ce médicament.
Les recommandations du Professeur Didier Raoult, directeur de
l’IHU de Marseille, qui présente depuis plusieurs jours la
chloroquine comme le traitement contre le coronavirus, semblent
donc être suivies d’effets. Le ministère de la santé et les
infectiologues appellent cependant à la prudence, l’étude du
Professeur Raoult ayant été mené sur un nombre de cas très réduits
(24 seulement). « Jamais aucun pays au monde n’a accordé une
autorisation de traitement sur la base d’une étude comme
celle-ci » a rappelé Olivier Véran, qui attend des résultats
plus probants dans les quinze jours.
Risques de troubles du rythme
Dans ce contexte, le réseau français des centres régionaux de
pharmacovigilance (RFCRPV) a publié ce dimanche un point
d’information à destination de tous les professionnels de santé sur
les risques de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine. Il
rappelle notamment que ces médicaments peuvent entrainer des
arythmies graves, y compris à dose thérapeutique.
Un ECG doit donc être réalisé avant et pendant le traitement
notamment pour évaluer le risque d’allongement de l’intervalle QTC.
Le risque est bien sûr accru en cas d’associations avec d’autres
médicaments susceptibles d’allonger l’intervalle QT, comme le
lopinavir ou l’azithromycine. Une supplémentation en potassium doit
être prescrite le cas échéant.
Une utilisation limitée aux essais thérapeutiques pour l’instant
Il est également rappelé aux médecins que la chloroquine et
son dérivé présentent une marge thérapeutique étroite, avec une
dose toxique qui peut être atteinte rapidement. Le point
d’information donne également la liste des associations
déconseillées ou qui doivent conduire à des précautions d’emploi
ainsi que des effets indésirables potentiels. Le RFCRPV rappelle
enfin que « l’utilisation de la chloroquine et de
l’hydroxychloroquine doit généralement être évitée pendant la
grossesse ».
En conclusion, les autorités sanitaires estiment que «
considérant les risques encourus pour des bénéfices cliniques
inconnus » l’utilisation de la chloroquine sur des patients
atteints de Covid-19 doit être réservée aux essais thérapeutiques
en cours.
QH