
Le point de Massimo Antonelli (Italie) à l'ESICM
Nécessité fait loi
La ventilation non invasive (VNI) comprend plusieurs dispositifs : canules nasales à haut débit, ventilation non invasive à pression positive, ventilation par casque.
- Le manque de respirateurs,
Absence de recommandations internationales pour la VNI dans le SDRA
De façon délibérée, il n’existe pas de recommandations
internationales (ERS/ATS) en matière de VNI de novo dans le SDRA en
temps normal, car cette « alternative » est jugée tout à
fait risquée, qui plus est en dehors d’un service de réanimation.
Tout juste est-il suggéré de faire un essai, avec une équipe
expérimentée, de sélectionner soigneusement les patients au sein
des services de réanimation, de réévaluer sans cesse et d’être en
capacité d’intuber à la moindre défaillance. Il semble néanmoins
admis que la VNI peut être tentée sous expectative armée chez le
patients dont le rapport PaO2/FiO2 est
compris entre 200 et 300. Or, le contexte italien a été à l’opposé
de ces suggestions : manque d’équipes expérimentées, absence de
sélection des patients, absence de possibilité de surveillance en
réanimation, absence de possibilité d’intuber tous les
patients.
L’Italie était donc bien loin des recommandations toutes récentes
en matière de réanimation des patients Covid-19, en matière de VNI
(1), lesquelles ne sont que des recommandations faibles + grade C,
à savoir : « En cas d'insuffisance respiratoire hypoxémique
aiguë malgré une oxygénothérapie conventionnelle, l'utilisation de
canules nasales à haut débit (HFNC) est recommandée plus que
l'oxygénothérapie conventionnelle et la ventilation non invasive à
pression positive (NIPPV) (faible recommandation + grade A). Si la
HFNC n'est pas disponible, un essai de VNPPI est recommandé
(recommandation faible + grade C). Une surveillance étroite de
l'aggravation de l'état respiratoire et une intubation précoce en
cas d'aggravation sont recommandées (déclaration de bonne
pratique) ».
Plaidoyer pour le casque (scaphandre)
La contribution majeure de Massimo Antonelli porte sur son explication de l’utilisation du casque « intégral », domaine dans lequel il est reconnu internationalement. Il ne s’agit certes pas d’une nouveauté, mais l’absence de moyens conventionnels de réanimation, le remet au goût du jour avec beaucoup d’acuité.
Les bons réglages du casque (Antonelli M. CCM 2002 ; 30 : 602608)
- Afin de réduire le danger du «
rebreathing » (ré-inhalation du C02 expiré et carbonarcose),
il convient d’assurer un débit d’au moins 30 litres / minutes. Le
casque peut être équipé d’un système venturi, d’une valve de PEP et
d’un rotamètre ajustant les débits d’oxygène et d’air.
- Ventilation en mode pression : 10 – 15 cm
H2O
- PEP : 5 – 10 cm H2O
- Trigger : débit ou pression : moins 1 cm
H2O
- FiO2 : 0,5 – 0,8 pour une
SpO2 > 92 %.
Avantages du casque
- Suppression de l’aérosolisation de gouttelettes infectieuses dans la chambre (toux, éternuement) et donc moindre exposition des personnels soignants, principal écueil de la VNI chez les patients hautement infectieux.- Possibilité d’un niveau de PEP plus élevé que le simple masque et donc meilleur recrutement pulmonaire.
- Moindre travail ventilatoire : diminution de l’effort inspiratoire, optimisation de la pression de drive dynamique trans-pulmonaire, réduction du temps de montée en pression.
Indicateurs prédictifs de l’échec du casque
- Absence d’amélioration rapide du rapport
PaO2/FiO2 dans l’heure.
- Modification du Vt qui est un témoin du la
pression trans-pulmonaire.
Facteurs de risque d’échec de la VNI (Antonelli M. ICM 2001 ; 27 : 1718-28)
- SDRA, pneumonie avec
PaO2/FiO2 1 heure < 146.
- SAPS > 15.
- Age > 40 ans.
Quelques trucs et astuces pour réussir la VNI
- Mettre le casque sous pression avant d’y
glisser la tête du patient.
- Jamais de ventilation en mode pression sans
PEP.
- PEP jamais < 10 cm H2O, car une
partie du débit généré par le mode ventilation en pression assure
un débit continu d’O2 et limite donc le
rebreathing.
- CPAP : débit d’au moins 30 L/mn.
- Ne pas se soucier d’un éventuel asynchronisme
patient/respirateur car sous le casque, tout effort inspiratoire
survient dans un réservoir à haut volume et à haute pression
équivalent à une CPAP.
Dr Bernard-Alex Gaüzère