Les études de médecine perturbées par le coronavirus

Paris, le jeudi 9 avril 2020 – Comme des millions de jeunes de leur âge, les étudiants en médecine voient leur parcours universitaire perturbée par l’épidémie de coronavirus. Une situation d’autant plus problématique que les études de médecine sont sur le point de connaitre une réforme importante.

Il y a les médecins et internes, qui sont en première ligne dans la lutte contre l’épidémie et sont régulièrement qualifiés de « héros ». Et puis il y a leurs futurs collègues, qui rongent leur frein. Les étudiants en médecine, comme tous les autres jeunes Français qui suivent des études supérieures, ont vu leurs conditions de travail fortement chamboulées par l’épidémie en cours. Remplacés par des enseignements en ligne, les cours en présentiels ont été suspendus et ne reprendront probablement pas avant la fin de l’année universitaire.

Concours de 1ère année et ECN reportés

La situation est particulièrement difficile à vivre pour les étudiants en 1ère et en 6ème année qui devaient passer des concours de fin d’année (PACES et ENCi). Outre le fait que le confinement leur rajoute un stress supplémentaire dont ils se seraient bien passés et perturbent leurs révisions, ils ne connaissent plus avec certitude la date de leurs examens.

Prévus pour le mois de mai, l’examen de PACES a été reporté à fin juin. L’ECNi a lui été déplacé du 6 au 8 juillet, alors que les étudiants avaient déjà dû passer les examens préparatoires de mars à domicile. De nouvelles dates qui pourraient encore être modifiées en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.

Vers un décalage de la réforme des études de santé ?

L’épidémie risque également de perturber la réforme des études de santé qui devait entrer en vigueur à la rentrée 2020. La formation des futurs médecins devait en effet connaitre des bouleversements importants, avec notamment la disparition du numerus clausus en 1ère année et la fin progressive de l’ECN. Ce mardi, le professeur Patrice Diot, président de la conférence des doyens de médecine, a demandé aux ministres de la santé et de l’enseignement supérieur le report de la réforme du second cycle à la rentrée 2021.

Dans une interview au Quotidien du médecin, le Pr Diot explique qu’en raison de la fermeture des facultés et de la mobilisation du personnel universitaire, ce dernier n’était plus en mesure de mettre en place la réforme à temps. « Nous n’avons plus la possibilité de conduire le travail qui reste à faire pour cette réforme. Or, cette réforme, nous y tenons. Le report n’est pas une décision prise de gaieté de cœur ».

Les étudiants se mobilisent

En attendant la réponse du gouvernement, le plus grand flou règne quant à la réforme et notamment sur le sort des étudiants entrant en 4ème année en septembre 2020 qui devaient être les premiers à « bénéficier » de la réforme. « Nous ne savons pas actuellement si cette promotion aura des ECN en 2023. Il faudra de la souplesse » explique le Pr Diot.

Partout en France, beaucoup d’étudiants ont décidé de prendre les devants et se sont portés volontaires pour aider à faire face à l’épidémie. Les moins expérimentés s’occupent de la régulation médicale au Samu. Les étudiants les plus chevronnés sont déjà en service à l’hôpital où ils se font brancardiers, aides-soignants ou infirmiers. 25 000 étudiants en deuxième cycle sont ainsi mobilisés dans toute la France. « Je suis bluffé par leur générosité et la qualité de leur engagement » a déclaré, un brin ému, le Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg.

QH

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Vos réactions (1)

  • Ouvrir le numérus clausus de 20 %

    Le 09 avril 2020

    Il faudrait déjà dés cette année augmenter le numerus clausus de 20 % ...on se rend compte que les médecins, ça sert à quelque chose, et que plutôt que d'augmenter le nombre de fonctionnaires dans les ARS, il faudrait qu'il y ait plus épidémiologistes, d'infectiologues, de réanimateurs, de médecins généralistes, d'urgentistes, de médecins de santé publique etc etc, et que ces médecins soient au centre du processus decisionnaire.

    Dr Marc Castaner

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